C’était un secret bien gardé. Combien d’eau engloutissent chaque année les data centers de Google pour leur refroidissement ? Jusqu’à présent, pour le savoir, on ne pouvait que s’appuyer sur des données incomplètes ou des estimations. Comme dans l’Oregon, où l’enquête d’un journal local laissait entendre que les infrastructures de Google à The Dalles consommaient plus d’un quart de l’eau de la ville.
Mais alors que la rareté de l’eau devient un sujet de société, surtout en période estivale et dans des régions touchées par les phénomènes de sécheresse et de canicule, la pression s’accentue sur les industries fortement consommatrices de cette ressource publique. Raison pour laquelle Google, après avoir peaufiné sa stratégie de communication, a finalement publié certaines données.
On y apprend que, chaque année, ce sont plus de 16 milliards de litres d’eau que les centres de données de Google consomment aux États-Unis pour leur refroidissement. Une consommation que l’entreprise cherche à dédramatiser, indiquant que chaque data center consomme en moyenne — chaque jour — la quantité d’eau nécessaire à arroser sept hectares de pelouse ou fabriquer 160 jeans en coton (qui nécessitent chacun de 7000 à 10 000 litres d’eau). Vu comme ça, effectivement, cela permet de relativiser les 1,7 million de litres utilisés pour refroidir un data center pendant 24 heures.
Un secret autrefois bien gardé
La question se pose cependant de savoir pourquoi Google a tout fait pour garder ce secret aussi longtemps. Si l’on en croit les propos tenus par Ben Townsend, responsable des infrastructures chez Google, au New Scientist, c’est à cause du secret industriel que cela représente. Ces informations auraient pu être utilisées pour — dans une certaine mesure — estimer la puissance de chacun de ces centres de données.
Ce n’est a priori plus le cas, tant les infrastructures de Google se sont diversifiées — en termes de localisation, de technologies de refroidissement, etc. Pour mettre fin aux débats, l’entreprise a donc décidé de jouer la transparence, quitte à devoir assumer le “damage control” à grand renfort de greenwashing.
Les données transmises par Google permettent de se rendre compte que le centre le plus consommateur d’eau est celui de Council Bluffs, dans l’Iowa, qui engloutit à lui seul quelque 3 milliards de litres d’eau par an. Cependant, Google fournit des efforts et, selon Aaron Wemhoff, chercheur à l’université Villanova en Pennsylvanie, les data centers de l’entreprise ont une consommation d’eau inférieure à la moyenne étatsunienne, soit 1,1 litre par kWh contre 1,8 au niveau national. Ce qui, évidemment, n’enlève rien au fait que la consommation d’eau des data centers à l’échelle de la planète est un problème, surtout vu le rythme auquel ces infrastructures se développent.