Le rapport de la commission d’enquête sur les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France a été rendu public le 6 avril à l’Assemblée nationale. Avec 372 pages, le document est le résultat de six mois d’auditions et raconte l’histoire longue d’un nombre impressionnant de décisions stratégiques erronées, d’alertes non entendues, de rendez-vous manqués, de décisions hâtives, de court-termisme, de prévisions infondées, de paris risqués et d’usines à gaz réglementaires ou législatives.
Le rapport est un récit de la lente dérive de la politique énergétique de la France. Selon Antoine Armand, rapporteur de la commission, l’enquête décrit la « divagation politique, souvent inconsciente et inconséquente, qui nous a éloignés et de la transition écologique et de notre souveraineté énergétique ». Les membres de la commission ont souvent été surpris, voire consternés, par les décisions prises. Le rapport décrit la manière dont la France a perdu son indépendance énergétique et sa souveraineté.
La commission a travaillé dans un contexte marqué par les alertes du gouvernement sur le manque d’électricité et les risques de coupure lors des pics de consommation hivernaux. Les fragilités du parc nucléaire ont été en partie responsables de cette situation. La production nucléaire est passée de 452 térawattheures en 2005 à 279 térawattheures en 2022, le plus bas niveau jamais enregistré de l’histoire d’EDF, en raison de l’arrêt des réacteurs pour vérifier et réparer les phénomènes de « corrosion sous contrainte ».
La France n’a jamais été indépendante d’un point de vue énergétique. Cependant, la puissance du nucléaire, telle qu’elle est enseignée dans les manuels d’histoire, laissait pourtant croire, au minimum, qu’elle pouvait l’être durablement sur le plan de l’électricité. 2022 a été un réveil d’autant plus douloureux que les prix de l’énergie ont explosé à cause de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Mais cette année exceptionnellement difficile n’est pas un accident, mais plutôt le résultat de la sédimentation de décisions et d’erreurs.
Les députés ont constaté que la production électrique nationale a stagné les années suivantes et a même commencé à décliner à partir de 2015 avec la baisse progressive de la production nucléaire. Ils ont également souligné que la France dépendait de l’étranger pour une grande partie de son approvisionnement en énergie.
Le rapport de la commission est un avertissement à la nation. Il montre que les politiques énergétiques doivent être cohérentes, durables et bien planifiées, et qu’elles doivent être mises en œuvre rapidement. La France doit non seulement investir dans l’énergie renouvelable, mais elle doit également prendre des mesures pour améliorer l’efficacité énergétique et réduire sa dépendance à l’égard des sources d’énergie d’origine étrangère.