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le policier condamné à deux ans de prison avec sursis


Maxime Beux, le 4 octobre 2022, à la cour d’assises de Reims.

Le policier qui avait éborgné un supporteur bastiais lors d’échauffourées après un match de Ligue 1 à Reims en 2016 a été condamné, vendredi 7 octobre, à deux ans de prison avec sursis. Cette peine, annoncée à l’issue de presque cinq heures de délibéré, est conforme aux réquisitions de l’avocat général, Matthieu Bourrette. La défense avait plaidé l’acquittement.

« Sans ignorer le contexte, vous avez fait un usage de votre arme qui n’était pas absolument nécessaire, ni strictement proportionné », a affirmé à l’accusé la présidente de la cour d’assises de la Marne lors du verdict.

« Le scénario catastrophe, ça aurait été un acquittement », a réagi la victime, Maxime Beux. « La réquisition a été suivie. Dont acte. (…) Ça va me permettre de passer à autre chose. » Son avocat François Fabiani a salué un verdict qui reconnaît des « violences volontaires avec arme ayant entraîné une infirmité permanente », ainsi que « la qualité de victime » de son client.

« Ne pas condamner » cet ancien de la BAC, jugé pour avoir « volontairement commis des violences », serait « tout simplement illégal, mais le condamner trop lourdement serait tout simplement inique », avait déclaré M. Bourrette dans ses réquisitions. Il avait demandé aux jurés d’admettre que le policier « a commis un crime, mais, par le choix de la sanction, qu’il n’est pas un criminel ».

Ce procès, « ce n’est pas la mise en cause de la police. Le “police bashing” est un jeu collectif bien trop répandu », a-t-il pointé. Ce n’est pas non plus « le procès du hooliganisme corse », a-t-il ajouté, après des témoignages policiers sur « l’hostilité » du groupe d’ultras bastiais auquel appartenait Maxime Beux, 22 ans à l’époque.

« Fût-il un menteur, fût-il un meneur, il demeure un homme blessé, une victime », a souligné le procureur. Frappé alors qu’il prenait la fuite, Maxime Beux « n’était pas dangereux ». Le policier, 50 ans, désormais en service dans un commissariat de Reims et privé du port d’arme, encourait quinze ans de réclusion criminelle. A la barre, il a rejeté toute idée de « violences volontaires », estimant avoir agi de manière proportionnée et obéissant à des ordres. « Je n’ai aucunement voulu détruire sa vie », a-t-il lâché, réaffirmant ses « regrets » vendredi.

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Une faute « insupportable »

Le 13 février 2016, à l’issue du match remporté par Bastia, le policier avait fait usage de sa matraque télescopique contre Maxime Beux dans le centre-ville de Reims, entraînant la perte de son œil gauche. L’incident avait eu lieu après une montée de tension entre policiers et supporteurs.

Maxime Beux a été menotté, malgré une blessure saignante, et placé en garde à vue. Sa prise en charge par les secours aura lieu plus d’une heure plus tard – une faute « de taille », qualifiée d’« insupportable » par l’avocat général.

En garde à vue, le policier affirme d’abord que le jeune homme s’est blessé en chutant sur un poteau, une version reprise pendant deux ans par les autorités. Le coup de matraque « visait l’épaule », a assuré l’accusé devant la cour. « Il était inconcevable que cela finisse dans l’œil », a-t-il encore affirmé.

« Ce dossier part d’un mensonge initial, éhonté » d’un policier « couvert pendant trop longtemps par sa hiérarchie », et qui « nie l’évidence », a plaidé l’avocat de la victime Benjamin Genuini. « Tout ce qu’il a fait est parfaitement légal », a répliqué en défense Nicolas Brazy, qui a demandé l’acquittement. « Etait-il nécessaire d’utiliser son bâton télescopique ? ». « Je dis trois fois oui », et le coup n’a « pas été porté de manière excessive », a affirmé cet avocat.

Depuis l’ouverture du procès, mardi, policiers et supporteurs se sont renvoyé la responsabilité des échauffourées. Les premiers ont argué d’insultes racistes, de chants antifrançais et contre la police, et de tags haineux griffonnés dans les toilettes, dont un proclamant : « On a tué votre préfet ». Pour Maxime Beux, interdit de stade à deux reprises, en 2014 et 2017, les policiers « voulaient se faire les Bastiais » et ont harcelé son groupe.

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Le Monde avec AFP

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