Tandis que Québec continue de promettre un nouveau lien routier avec Lévis, un important fabricant d’armatures de Longueuil participe depuis un an à la construction du plus long tunnel immergé au monde.
D’une longueur de 18 km, sous la mer Baltique, le tunnel doit relier les îles de Lolland-Falster, au Danemark, au sud de Copenhague, à la région du Schleswig-Holstein, en Allemagne.
Le chantier évalué à 13,5 milliards de dollars (10 milliards d’euros) d’investissements, au bas mot, a été lancé en 2021 après des années de report. Maintenant que la construction a débuté, le consortium mené par BTB et Vinci prévoit qu’elle s’achèvera en 2029.
Une grande entreprise méconnue
Pour le président du Groupe AGF, Serge Gendron, non seulement ce projet est le plus important auquel son entreprise a pris part en 75 ans d’histoire, mais c’est aussi une nouvelle marque de reconnaissance internationale de l’expertise développée au fil des décennies par l’entreprise familiale.
Méconnu du grand public, le Groupe AGF compte tout de même 2500 employés, deux dizaines d’usines dans 9 pays, et un chiffre d’affaires avoisinant les 700 millions $. Au Québec, outre Longueuil, l’entreprise gère des activités à Trois-Rivières, à Laval, à Québec et à Sherbrooke.
Dans l’industrie des grands travaux, sa réputation n’est plus à faire. Par exemple, l’entreprise prend part actuellement aux travaux du REM et de réfection du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine. Il a également participé à la construction du pont Samuel-De Champlain, au parachèvement de l’autoroute 30, de même qu’à la construction des métros de Dubaï, de Doha, de Lima et de Bogota.
L’entreprise a déjà participé à plus de 40 000 projets à travers le monde. N’empêche, le lien fixe du Fehmarn Belt – c’est le nom du tunnel – revêt par sa taille une importance toute particulière pour M. Gendron.
Déjà, le chantier de construction, bâti sur les rives danoises, fait à lui seul 9 km2. L’une des usines qui y ont été construites servira spécifiquement aux travaux de coupe, de façonnage et d’assemblage des tiges requises pour la structure du tunnel.
Les besoins en acier seront énormes, explique M. Gendron, le fils du fondateur de l’entreprise. On parle d’un projet de 349 000 tonnes métriques (TM) d’acier, ou l’équivalent de 26 millions de kilomètres de tiges d’armatures.
Dix fois le Parc olympique de Montréal
À titre de comparaison, le pont Champlain à Montréal n’aura requis que 20 000 tonnes métriques d’acier et le Parc olympique de Montréal, véritable ode au béton armé, uniquement 35 000 TM. Le tunnel germano-danois en nécessitera dix fois plus.
« Il n’y a rien d’équivalent, résume-t-il. Non, pas même l’ensemble des projets de barrages qu’a pu accueillir la Société de la Baie-James au cours des années. »
Au plus fort de la production, pas moins de 750 ouvriers spécialisés travailleront sous les ordres d’une vingtaine d’ingénieurs et de surintendants du Groupe AGF.
Comme ici, M. Gendron s’attend à ce que la main-d’œuvre ne soit pas facile à recruter. Qu’à cela ne tienne, il demeure persuadé que ses équipes sauront relever le défi qui se présente et qu’une fois terminé, ce chantier permettra de remporter d’autres projets similaires.
Par exemple, celui du fameux troisième lien entre Québec et Lévis ? « Ben oui, pourquoi pas ?! », répond-il, les yeux moqueurs.
– Avec Francis Halin
Le lien fixe du Fehmarn Belt
Longueur : 18 km
Largeur : 40 m
Hauteur : 15 m
Coût de construction : 10 milliards d’euros (environ 13,5 milliards $)
Début des travaux : 2021
Fin des travaux : 2029
L’objectif : relier le Danemark et l’Allemagne par un tunnel à péage.
Nombre de voies : 4 voies routières et 2 voies ferroviaires.
Durée de trajet sans tunnel : une heure de traversier ou détour routier de 160 km.
Durée de trajet avec tunnel : 10 min en voiture et 7 min par train.
GROUPE AGF
Fondation : 1948
Siège social : Longueuil
Employés : 2500 travailleurs
Présence : 22 usines, dans 9 pays
Chiffre d’affaires : 700 M$
Capacité de production annuelle : 578 400 tonnes métriques d’acier d’armature
Source : Groupe AGF