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le cas de conscience des fans de football

le cas de conscience des fans de football


Regarder ou ne pas regarder la Coupe du monde, telle est la question. A un mois du coup d’envoi du premier match du Mondial 2022 au Qatar (du 20 novembre au 18 décembre), le dilemme taraude de nombreux fans de football. « Comme beaucoup, j’ai vibré en 1998 et en 2018, et je suis depuis toujours spectatrice passionnée des matchs de l’équipe de France, tout particulièrement à l’occasion de la fête mondiale de ce sport qu’est la Coupe du monde. Pourtant, j’hésite cette année à regarder les matchs », relate Marie Mitjana-Huot, qui a répondu à l’appel à témoignages sur le site du Monde, comme d’autres personnes citées dans cet article. Pour cette retraitée établie en Haute-Saône, « un sentiment d’écœurement supplée tout futur plaisir. On peut dire, sans jeu de mots, que la coupe est pleine ».

Les raisons du malaise ne manquent guère : les conditions de travail souvent indignes imposées aux ouvriers ayant érigé les infrastructures de la compétition, les nombreux morts sur les chantiers, le bilan carbone du tournoi, les droits des LGBT+, sujet tabou au Qatar, et les soupçons d’achat de voix, en 2010, lors de l’attribution du Mondial 2022 par la Fédération internationale de football (FIFA).

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Résultat : le débat enfle dans l’Hexagone, attisé par les décisions de plusieurs grandes villes de ne pas installer d’écrans géants pour diffuser la compétition. « En France, on s’intéresse au football surtout à l’occasion de la Coupe du monde », constate Patrick Mignon, sociologue, qui a travaillé à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep) pendant vingt ans. « En termes de passion du foot, c’est très différent de certains voisins, comme l’Angleterre ou l’Allemagne, où l’on distingue davantage l’amour pour l’équipe nationale de la manière dont on gère les aspects géopolitiques et climatiques. »

Le « Mondial de trop »

Le football – ou le sport, en général – n’a pas attendu de se délocaliser au Qatar pour poser un problème de conscience à ses passionnés. La dernière Coupe du monde de football en Russie (2018) ou les Jeux olympiques d’hiver à Pékin (2022) ont rappelé que les grands événements sportifs font parfois fi des questions démocratiques. Et les débats de société autour du Mondial 2022 évoquent ceux autour de la Coupe du monde 1978, dans l’Argentine des généraux – les comédiens Vincent Lindon ou Eric Cantona ayant succédé aux écrivains Louis Aragon ou Marguerite Duras en guise de lanceurs d’alerte.

En 1978, Jean-Luc Veron avait 10 ans. « Jeune, peut-être trop jeune pour comprendre que la Coupe du monde se déroule dans un pays dirigé par un dictateur, trop jeune pour comprendre qu’à deux pas du stade où se joue la finale, on torture des opposants au régime en place », il regarde la compétition avec son père. Désormais âgé de 54 ans, ce chef de projet informatique dans l’Ille-et-Vilaine a onze Mondiaux au compteur, il lui semble désormais « impossible de regarder cette Coupe du monde au Qatar » au fur et à mesure qu’il en découvre les coulisses. « Je n’ai plus mes yeux de 10 ans. » Comme lui, de nombreux spectateurs partagent ce sentiment du « Mondial de trop ».

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