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Sérieuse et appliquée, l’Angleterre, vice-championne d’Europe, a logiquement battu (6-2) une équipe d’Iran décevante lors d’un match marqué par des gestes forts. De la part des footballeurs iraniens : les onze joueurs de la « Team Melli » se sont abstenus de chanter l’hymne national en signe de soutien aux victimes des manifestations durement réprimées dans leur pays. Et de la part des joueurs anglais qui en début de match ont posé le genou à terre pour dénoncer les inégalités.
Après une campagne calamiteuse en Ligue des Nations dont un humiliant 4 à 0 encaissé face à la Hongrie, beaucoup s’interrogeaient sur l’état de forme de l’équipe d’Angleterre. Mais les Three Lions ont levé tous les doutes en réalisant une entrée convaincante dans le Mondial-2022 face à une équipe iranienne rapidement dépassée par les événements.
Avec plus de 73 % de possession, les Anglais confisquent littéralement le ballon dans les 25 premières minutes de jeu. Regroupée dans sa moitié de terrain, l’équipe d’Iran est réduite à courir dans le vide et à subir les assauts anglais. La première alerte intervient dès la 7e minute sur un centre au deuxième poteau venu du côté droit. Mais le défenseur Harry Maguire, trop court, ne peut que pousser le ballon dans l’extérieur du petit filet.
Sur l’action, le gardien Alireza Beiranvand et son défenseur Majid Hosseini se télescopent. Le choc est inouï. Après de longues minutes au sol et une tentative de reprendre sa place, le gardien iranien, héros du dernier mondial en Russie après son penalty arrêté face à Cristiano Ronaldo, doit quitter ses coéquipiers.
Sans leur portier titulaire et privé de leur attaquant star, Sardar Azmoun, resté sur le banc pour une blessure au mollet, les Iraniens s’agacent et multiplient les fautes. Impressionnante en phase éliminatoire, la « Team Melli » semble incapable d’opposer une quelconque résistance au vice-champion d’Europe. Sur corner, Harry Maguire, encore lui, trouve la barre transversale.
Les Anglais finissent par concrétiser leur domination à la 31e minute en passant une nouvelle fois par les côtés. À la suite d’un joli mouvement côté gauche, Jude Bellingham, 19 ans, la pépite du Borussia Dortmund, ouvre le score d’une magnifique tête décroisée.
Les cadres de l’Angleterre répondent présents
La machine anglaise est lancée. Trois minutes plus tard, Bukayo Saka, 21 ans, profite d’une remise de la tête sur corner pour déclencher une habile demi-volée pied gauche qui vient se loger sous la barre du gardien remplaçant, Seyed Hossein Hosseini.
Si la jeunesse anglaise est clairement au rendez-vous lors de ce match, les cadres de Gareth Southgate ne sont pas en reste. Un peu avant la fin de la première mi-temps, le capitaine Harry Kane travaille côté droit, échappe au marquage grâce à une feinte de corps et délivre un centre parfait repris par Raheem Sterling, le plus capé des Three Lions avec 79 sélections.
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À la sortie des vestiaires, Carlos Queiroz décide d’opérer trois changements pour tenter de transformer la physionomie d’une rencontre à sens unique. Mais le début de la deuxième mi-temps est à l’image des 45 premières minutes : l’Angleterre domine et l’Iran prend l’eau. Pour son doublé, Bukayo Saka, très en jambe avec son club d’Arsenal, fixe les défenseurs à l’entrée de la surface puis élimine facilement deux joueurs avant d’ajuster le gardien d’un plat du pied.
L’addition commence à être salée. Heureusement, trois minutes plus tard, les supporters iraniens reprennent des couleurs grâce à l’attaquant du FC Porto, Mehdi Taremi qui profite d’une passe en profondeur pour fusiller Jordan Pickford qui jusque-là n’avait eu aucune intervention à effectuer. Mais l’euphorie est de courte durée. Dans la foulée, Marcus Rashford, entré en jeu quelques secondes auparavant, inscrit son 13e but en sélection. À la 90e, Jack Grealish parachève la démonstration anglaise sur un centre en retrait.
Hymne silencieux
Dans les arrêts de jeu, les Iraniens parviennent à réduire la marque sur penalty après un tirage de maillot de Luke Shaw. Malgré ce score fleuve et une prestation globalement décevante, l’essentiel pour l’équipe d’Iran semblait toutefois ailleurs lors de cette rencontre au moment où les manifestations pour le droit des femmes se multiplient à travers le pays. Les onze joueurs iraniens se sont ainsi abstenus de chanter leur hymne national avant le coup d’envoi en soutien aux victimes de la répression orchestrée par Téhéran.
Interrogé mercredi pour savoir si les joueurs de la « Team Melli » avaient l’intention de chanter l’hymne national, l’attaquant Alireza Jahanbakhsh avait déclaré que la question était en « discussions » et serait prise « collectivement ». Il a également expliqué que célébrer ou pas un éventuel but durant la Coupe du monde relèverait d’un choix « personnel ».
Dans les tribunes, quelques pancartes ont également fleuri, appelant à respecter les droits des femmes en Iran. Avant le match, des supporters iraniens criaient spontanément le nom de Mahsa Amini, morte le 16 septembre après son arrestation par la police des mœurs.
De leurs côtés, les joueurs anglais ont posé un genou à terre pour dénoncer les « inégalités ». Un geste validé par la FIFA, contrairement au brassard arc-en-ciel « One Love », abandonné lundi matin par sept nations européennes sous la menace de sanctions sportives. Le capitaine Harry Kane a tout de même tenu à arborer lors de la rencontre contre l’Iran un brassard noir sur lequel était inscrit « No discrimination ».
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