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« La zone, la frontière entre Paris et la banlieue, a longtemps été sacrifiée par les politiques publiques »

« La zone, la frontière entre Paris et la banlieue, a longtemps été sacrifiée par les politiques publiques »



Alors que le périphérique parisien célèbre ses 50 ans, la notion de « Grand Paris » est de plus en plus présente, notamment en vue des JO de 2024, et les portes de la capitale se transforment rapidement. Après la porte de Clichy, où se trouve désormais le tribunal de Paris, ce sera bientôt au tour de la porte de la Chapelle d’accueillir le Campus Condorcet et ses étudiants. La porte de Montreuil pourrait également voir son visage changer avec la construction d’immeubles et l’aménagement d’un vaste espace vert, à condition que le projet ait l’adhésion de tous.

Cette reconquête tardive de la périphérie parisienne tente de réparer l’abandon d’un territoire : la zone, un anneau de 35 kilomètres de circonférence qui a entouré la capitale à partir de 1845.

Longtemps considérée non pas comme un territoire de peuplement, mais comme un territoire de services, la frontière entre Paris et la banlieue a été sacrifiée par des politiques publiques animées de dédain vis-à-vis des communes voisines. C’est pourtant cette configuration politique, où Paris n’avait pas de maire jusqu’en 1977 et où le préfet de la Seine présidait aux destinées de la capitale et de sa périphérie, qui n’a pas permis une continuité urbaine. Cette dissymétrie a signé l’échec de l’extension de Paris, une capitale dominée par des logiques qui échappent à l’urbain.

L’histoire de la zone commence au milieu du XIXe siècle, alors que des fortifications sont érigées pour défendre la capitale d’éventuelles attaques extérieures. L’armée interdit de construire à leur pied, sur une distance de 250 mètres (sans toutefois détruire les habitations déjà existantes) – une servitude que les propriétaires des terrains concernés ont supportée sans être indemnisés. Paris a alors traversé les décennies avec une ceinture de territoires congelés.

Compte tenu de la grave crise du logement, cette zone non aedificandi a malgré tout accueilli jusqu’à 40 000 habitants, loin d’être tous des chiffonniers ou des apaches : s’y réfugiait le Paris populaire qui ne pouvait se loger ailleurs, aménageant des pavillons ou des baraques pour vivre en famille et aller travailler dans la capitale. L’image du bidonville a écrasé cette véritable cité, née de l’arrangement entre locataires et à contre-courant de l’idée que seul un plan pouvait garantir l’urbain.

La fortification, inefficace pendant la guerre de 1870, a été démolie à la fin de la Première Guerre mondiale. On a construit à cet emplacement des habitations à bon marché, des immeubles de briques rouges qui sont encore visibles aujourd’hui en faisant le tour de Paris en tramway.

La transformation rapide des portes de Paris en lieux de vie, de travail et de culture marque une volonté de rompre avec l’histoire de la zone, tout en réinterprétant la notion d’extension de la capitale. Si la question de l’adhésion de tous reste un défi, la reconquête de la banlieue parisienne prend un nouveau sens, inspirant un nouvel urbanisme et un renouveau de l’architecture en lien avec les enjeux environnementaux actuels.

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