Le ministre délégué chargé de l’industrie, Roland Lescure, a récemment rencontré les représentants de cinquante sites industriels majeurs pour discuter de la transition énergétique. Parmi les entreprises concernées, on compte les usines sidérurgiques ArcelorMittal de Dunkerque et Fos-sur-Mer, les cimenteries de Vicat, Lafarge et Calcia, les usines chimiques du Grand Est, les fabricants d’engrais Yara et Borealis, la verrerie d’Arques, les raffineries Esso-ExxonMobil et TotalEnergies, pour n’en citer que quelques-unes. Ces cinquante sites sont responsables de 11% des émissions de gaz à effet de serre en France et de 60% de celles de toute l’industrie.
Le gouvernement a promis de doubler les aides à la décarbonation, qui passeront à 10 milliards d’euros pour la période 2022-2027, si les industriels promettent également de doubler leurs efforts. Cependant, la transition énergétique est une transformation massive et coûteuse, nécessitant des investissements supplémentaires de plus de 70 milliards d’euros par an d’ici 2030, soit 2,5% du produit intérieur brut. Les économistes conviennent que ce processus est analogue aux révolutions industrielles du passé en termes d’ampleur.
Jean Pisani-Ferry doit rendre en mai un rapport complet au premier ministre sur l’enjeu macroéconomique de cette transition. Les équipements doivent être remplacés, ce qui implique de stimuler le progrès technique dans les alternatives propres et d’encourager les entreprises et les citoyens à réduire de manière draconienne leur consommation d’énergie. Selon Patrick Artus, pour répondre aux besoins en électricité de la France en 2050, il faudra augmenter la production électrique de 40 % et réduire la consommation globale d’énergie de 25 %.
Jézabel Couppey-Soubeyran souligne, cependant, que certains coûts non rentables ne pourront être pris en charge que par l’État ou des fonds d’aide spécifiques. Il s’agit donc d’un chantier titanesque dans des conditions financières contraintes, à moins que ces changements ne portent en eux des avantages tels que le bien-être, la santé ou la souveraineté. Patrice Geoffron, professeur à Paris-Dauphine, pense que la motivation ne doit pas être uniquement de sauver la planète car la France est trop petite pour avoir un grand impact, mais plutôt de donner de la valeur à la dépollution, créant ainsi des « solutions sans regret ».