Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré lors d’une visite en Turquie que des négociations de paix sur l’Ukraine ne pourraient avoir lieu que si elles visaient à établir un «nouvel ordre mondial» sans domination américaine. Lavrov a également menacé de mettre fin à l’accord autorisant les exportations de céréales ukrainiennes, essentiel pour assurer la sécurité alimentaire mondiale, si la partie qui permettait à la Russie d’exporter sa propre production agricole n’était pas appliquée. La Russie a justifié son invasion de l’Ukraine en affirmant que l’OTAN et les États-Unis utilisaient leur allié ukrainien pour s’en prendre à la Russie.
Avant l’invasion, Moscou avait exigé des garanties de sécurité impliquant notamment un retrait des forces de l’OTAN de l’Europe de l’Est, et a depuis considéré que les Occidentaux lui menaient une guerre par procuration en fournissant une aide militaire à l’Ukraine. La présidence russe a récemment déclaré qu’elle ne voyait pas d’opportunité pour des négociations et qu’elle n’avait pas d’autre solution que de poursuivre son offensive en Ukraine. Le Kremlin a également exclu dans l’immédiat une éventuelle médiation chinoise et un appel à un cessez-le-feu de son allié, le président bélarusse Alexandre Loukachenko.
Concernant la menace de Lavrov d’enterrer l’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes, la Russie considère que la partie de l’accord qui doit lui permettre d’exporter sur les marchés étrangers sa propre production agricole et ses engrais n’est pas appliquée. En mars, la Russie a annoncé qu’elle ne prolongeait sa participation à l’accord céréalier que pour 60 jours, au lieu des 120 prévus. L’accord de la mer Noire, signé en juillet dernier pour 120 jours entre l’ONU, l’Ukraine, la Russie et la Turquie, avait atténué la crise alimentaire mondiale provoquée par l’invasion russe.
Lavrov a déclaré lors de sa visite en Turquie que les négociations de paix sur l’Ukraine ne pourraient avoir lieu que si elles prenaient en compte les intérêts russes. Selon lui, ces négociations devraient se baser sur les principes qui définiront le «nouvel ordre mondial», dénonçant l’«hégémonie» américaine. Toutefois, Moscou n’a pas encore proposé de solution pour sortir de cette crise.
Le conflit en Ukraine a débuté en 2014, lorsque la Russie a annexé la Crimée, une péninsule ukrainienne stratégique de la mer Noire. Depuis lors, des combats entre les forces ukrainiennes et les séparatistes soutenus par la Russie ont fait plus de 13 000 morts dans l’est de l’Ukraine. La Russie a également imposé des sanctions à l’Ukraine, tandis que les États-Unis, l’Union européenne et d’autres pays ont imposé des sanctions à la Russie en réponse à son annexion de la Crimée.