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Alors qu’un tiers des stations-service connaît des pénuries de carburant, la grève a été reconduite mercredi sur l’ensemble des sites de TotalEnergies ainsi que dans deux raffineries du groupe Esso-ExxonMobil. Dans le même temps, le gouvernement a mis ses menaces à exécution en annonçant le lancement de la procédure de réquisition des personnels du dépôt de carburant de la raffinerie de Gravenchon, en Normandie.
Vers une escalade entre les syndicats et le gouvernement ? Les grévistes des groupes pétroliers ont décidé mercredi 12 octobre de poursuivre leur mouvement pour de meilleurs salaires, prolongeant les pénuries de carburants qui affectent la France entière.
Six des sept raffineries de France étaient donc en grève mercredi : les quatre de TotalEnergies et les deux d’Esso-ExxonMobil. Seule celle de Lavéra (groupe Petroineos) n’est pas bloquée.
Avant l’aube mercredi, à la raffinerie Esso-ExxonMobil de Gravenchon (Port-Jérôme), en Seine-Maritime, une cinquantaine de salariés grévistes ont voté à main levée la poursuite de la grève alors que le gouvernement a annoncé le lancement de la réquisition des personnels, « indispensables au fonctionnement » du dépôt de cette raffinerie.
« Face à la reconduction de la grève d’une partie du personnel à Port-Jérôme (Seine-Maritime), en Normandie, le gouvernement lance la réquisition des personnels indispensables au fonctionnement du dépôt. La réquisition débutera ce jour », a indiqué à l’AFP le ministère de la Transition énergétique. La réquisition ne concerne pas les opérations de la raffinerie et donc la production de carburant.
Les quelques grévistes indispensables au déblocage du carburant des cuves devraient donc se voir contraints de venir travailler, sous peine de sanctions pénales.
La grève se poursuit aussi à la raffinerie Esso de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), a constaté l’AFP, où les grévistes votent à chaque changement de quart. Aucun carburant n’est sorti d’ici depuis le 21 septembre.
Chez TotalEnergies, la grève dure depuis deux semaines et prend de l’ampleur. Dans l’ensemble des sites en mouvement, la grève a été reconduite avec « quasiment 100 % de grévistes parmi les opérateurs », a indiqué tôt mercredi à l’AFP le syndicaliste Éric Sellini, coordinateur CGT pour l’ensemble du groupe. Soit la raffinerie de Normandie, près du Havre, le dépôt de carburant de Flandres, près de Dunkerque, la « bio-raffinerie » de La Mède (Bouches-du-Rhône), la raffinerie de Feyzin, et depuis mardi, la raffinerie de Donges (Loire-Atlantique).
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Les grévistes prennent ainsi le risque d’un épilogue brutal avec réquisition de certains d’entre eux pour faire redémarrer les usines, comme le précédent mémorable de 2010 sous la présidence de Nicolas Sarkozy.
« Une remise en cause du droit de grève »
« L’essence, c’est trop important pour nous ! Vous voyez, ça fait plus d’une semaine qu’on galère », témoigne Santiago, l’un des innombrables coursiers à « galérer » pour faire le plein, à Paris, comme tous ceux dont le véhicule est un outil de travail.
Face à ces files d’attente d’automobilistes exaspérés, interviewés en boucle sur les chaînes d’information, et sous le feu des critiques de l’opposition, le gouvernement a dégainé mardi la menace de la réquisition, pour l’instant seulement pour débloquer les dépôts d’Esso-ExxonMobil.
Un accord salarial y a en effet été conclu lundi par deux organisations syndicales, majoritaires à l’échelle du groupe mais pas dans ses raffineries. La CGT, à l’origine de la grève, n’a pas signé.
Élisabeth Borne a également évoqué la possibilité de réquisitions chez TotalEnergies.
Amorce de dialogue ? Ce groupe a convié les syndicats représentatifs qui « ne participent pas au mouvement de grève » à une réunion de « concertations et d’échanges » mercredi après-midi.
« Si la CGT lève tous les blocages de sites avant demain midi, elle sera bienvenue à cette réunion de dialogue », a précisé le géant français de l’énergie.
Éric Sellini y voit une manière « d’écarter » la CGT et de « justifier » ainsi une intervention du gouvernement en cas de refus de celle-ci de lever les blocages.
À l’arrivée, il n’en est rien : « Une ligne de quart était en sureffectif hier donc ils ont commencé à réalimenter pendant quelques heures, tout a été arrêté à nouveau depuis 22h hier soir », a indiqué Reynald Prévost, de FO.
Le ministère a indiqué qu’un autre arrêté de réquisition serait activé pour le dépôt de carburant TotalEnergies près de Dunkerque, si la grève se poursuivait mercredi.
La CGT de TotalEnergies réclame 10 % d’augmentation sur les salaires pour 2022, contre les 3,5 % obtenus en début d’année.
En cas de réquisition, « on ira devant les tribunaux pour les faire annuler », a averti Éric Sellini, tandis que la CGT d’Esso-ExxonMobil a dénoncé « une remise en cause du droit de grève ».
Avec AFP