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Le gestionnaire du réseau électrique RTE a estimé, vendredi, qu’il existait désormais un risque « élevé » de tensions sur le réseau électrique français en janvier, en raison du redémarrage plus lent que prévu de réacteurs nucléaires EDF.
Vers un mois de janvier compliqué ? C’est ce qu’estime le gestionnaire du réseau électrique RTE qui a annoncé, vendredi 18 novembre, un risque élevé de tensions sur le réseau électrique français en janvier.
En cause : la lenteur du redémarrage de réacteurs nucléaires EDF à l’arrêt.
Le risque de recours au dispositif Ecowatt, et en particulier au signal d’alerte rouge, apparaît « élevé sur le mois de janvier mais dépendra largement des conditions climatiques et de l’éventuelle survenue d’une vague de froid même modérée », selon l’actualisation mensuelle des « perspectives pour le système électrique publiée » par RTE.
Le risque que RTE appelle les Français à réduire leur consommation électrique en janvier, sous peine de coupures de courant, a augmenté, notamment car la maintenance des réacteurs d’EDF a pris du retard en raison d’une grève. « Le mois de janvier concentre à présent davantage de risque » que dans son analyse antérieure, écrit RTE.
Des coupures d’électricités volontaires et ciblées
Jean-Paul Roubin, directeur exécutif en charge du périmètre « Clients et opération du système électrique » de RTE, a rappelé que si des coupures d’électricité volontaires et ciblées devaient être décidées, dans le cadre de mesures dites de « délestage », les particuliers pourraient être concernés dans la mesure où ils ne sont pas classés parmi les consommateurs prioritaires.
« Par départements, en moyenne, la puissance non délestable est de l’ordre de 38 %. Donc ça veut dire que 62 % de la consommation est susceptible de pouvoir être délestée, donc (…) il y aura évidemment un grand nombre de particuliers, de foyers, mais aussi des artisans et des petites PME-PMI qui seront coupées à ce moment-là », a-t-il dit.
« Tous les moyens de production disponibles – gaz, charbon, fioul – seront démarrés avant qu’on déleste ; il est impensable de couper les consommateurs en ayant des moyens de production à l’arrêt (qui sont) disponibles », a cependant rappelé Jean-Paul Roubin.
Pour l’heure, la baisse de la consommation électrique, observée depuis plusieurs semaines (-6,6 % sur 4 semaines par rapport à la moyenne de 2014 à 2019), « réduit le risque sur la sécurité d’approvisionnement » électrique pour l’hiver.
Mais des incertitudes subsistent en raison d’une indisponibilité record du parc nucléaire d’EDF cet hiver. Avec près de la moitié de ses 56 réacteurs à l’arrêt, pour des maintenances programmées ou des problèmes de corrosion avérés ou soupçonnés, la production d’électricité nucléaire devrait atteindre cette année un plus bas historique, entre 275 et 285 térawattheures (TWh).
Plus de 60 % de la capacité nucléaire disponible en janvier
Ainsi, selon le « scenario le plus probable », seuls de l’ordre de 40 gigawatts (GW) de puissance du parc nucléaire devraient être disponibles début janvier, selon la prévision de RTE, soit environ 65 % de la capacité nucléaire installée. La perspective d’atteindre 45 GW, comme initialement prévu le 14 septembre par RTE dans la présentation de son scénario hivernal, apparaît désormais « improbable » mais « pas impossible » selon Thomas Veyrencq, directeur exécutif en charge de la stratégie, de la prospective et de l’évaluation de RTE, lors d’un point presse en ligne.
EDF, de son côté, prévoit dans son calendrier officiel une disponibilité de 48 GW au 1er janvier, selon l’analyse de l’AFP.
« Nous avons constaté un petit écart mais réel par rapport à notre scenario central, un retard de l’ordre de deux semaines », sur la prévision de disponibilité du parc nucléaire, un écart qui pourrait être « plus significatif » en janvier, selon RTE.
Les raisons : les « mouvements sociaux » en septembre et octobre, qui ont mis un coup d’arrêt à des travaux ainsi que des « retards et aléas techniques » dans la maintenance courante. En revanche, cette situation n’est pas liée aux travaux pour régler les problèmes de corrosion sous contraintes, programmés sur 16 réacteurs considérés comme « sensibles ou fortement sensibles » à ce phénomène.
D’ici là, la probabilité d’activation du signal rouge Ecowatt qui avertit de possibles coupures ciblées par l’envoi d’une alerte apparaît « peu probable » pour la fin du mois de novembre, et « moyen » pour début décembre. Les autres signaux d’Ecowatt sont vert et orange.
« Le niveau de risque quantitatif est inchangé sur l’ensemble de l’hiver. Mais il va se répartir un peu différemment : moins de risque en décembre, plus en janvier, moins fin février et mars. Mais quantitativement sur l’hiver c’est le même risque et donc le nombre de jours Ecowatt rouges attendus n’est pas modifié par rapport à ce que nous avons publié en septembre », a expliqué Thomas Veyrencq.
En cas d’hiver normal, le nombre d’activations du signal Ecowatt rouge est estimé de 0 à 2, et de 0 à 5 en cas d’hiver froid, a dit RTE.
Avec AFP et Reuters