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Jean-Luc Mélenchon, ses lieutenants et les féministes « insoumises »

Jean-Luc Mélenchon, ses lieutenants et les féministes « insoumises »


Par une cruelle ironie du sort, la rencontre doit avoir lieu dans l’après-midi du jeudi 22 septembre, à Paris. C’est Caroline De Haas qui officiera. La militante féministe, dont la PME de trente-cinq personnes, Egaé, vend aux entreprises et aux partis des formations contre le harcèlement moral, les comportements sexistes et les violences sexuelles, a signé au début de l’été un contrat avec La France insoumise (LFI) et ses soixante-quinze nouveaux députés. Lors des journées d’été du parti, en août, ils ont déjà planché sur les violences morales qu’imposent parfois les élus à leurs assistants.

Au programme de ce jeudi ? Une séance de travail visant à « percuter l’illusion de l’égalité », annonce la plaquette de l’entreprise, avec des questionnaires destinés à repérer le sexisme ordinaire et les comportements sanctionnés par la loi. La militante veut aborder avec les députés « ce sentiment partagé (…) que les progrès en matière d’égalité femmes-hommes ont été tellement importants ces dernières années que nous serions presque arrivés à l’égalité ». Peu de chances, néanmoins, que la rencontre tourne à une psychanalyse collective : souvent brandi comme un étendard, le sujet reste tabou dès qu’il remonte aux élus de LFI.

Trente-deux femmes et quarante-trois hommes siégeant sous l’étiquette de cette formation à l’Assemblée nationale sont censés assister à cette formation. Parmi eux, Adrien Quatennens et Eric Coquerel, deux des lieutenants de Jean-Luc Mélenchon (« JLM »), deux hommes dont le comportement envers des femmes vient contredire le féminisme revendiqué par le parti. Dimanche 18 septembre, le premier, jeune coordinateur de LFI parfois donné comme le dauphin de « JLM », a annoncé sa mise en retrait pour « protéger le mouvement [et] ses militants ». Révélée par Le Canard enchaîné, une main courante déposée au commissariat par son épouse, alors qu’ils sont en instance de divorce, détaille des disputes, la « confiscation » d’un téléphone, ainsi qu’une gifle, comme le député du Nord l’a reconnu. Le parquet de Lille vient d’ouvrir une enquête préliminaire. Quant au second, président de la commission des finances à l’Assemblée, il semble en sursis depuis que la justice a ouvert une enquête pour « harcèlement sexuel » à la suite d’une plainte d’une militante dénonçant des mains baladeuses et des textos déplacés.

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Pour l’un comme pour l’autre, le parti a commencé par bâtir une digue et tenté d’imposer la « ligne ». « Objectif du barouf sur Coquerel : sa présidence de la commission des finances et la revanche du Rassemblement national », a asséné Mélenchon, en juillet, certain que le député « n’est coupable de rien du tout » et « fait l’objet d’une rumeur et d’une opération politique ». « Affaire privée », a balayé la garde rapprochée de ce même Jean-Luc Mélenchon à propos d’Adrien Quatennens, jusqu’à ce que le « chef » lui-même publie, dimanche 18 septembre, un tweet saluant… « le courage » de son député, comme si une gifle n’entrait pas dans la catégorie des violences faites aux femmes.

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