Réunis au Manoir du Lac Delage où Éric Duhaime avait établi ses quartiers, les militants conservateurs ont rapidement évacué la déception de ne voir aucun de leurs candidats passer la porte de l’Assemblée nationale. Comme pour leur chef, ils promettent d’être encore là dans quatre ans. Le 24 heures a vécu la soirée électorale à leurs côtés.
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Il n’était pas encore 19h, pourtant Nathaniel et Geneviève étaient déjà là depuis un bon moment. Le couple ne voulait rien manquer de la soirée électorale conservatrice organisée au Manoir du Lac Delage, à une vingtaine de kilomètres au nord de Québec. C’était la première fois que tous les deux s’impliquaient en politique. Ils voulaient être aux premières loges.
«J’ai adhéré au Parti conservateur pour les idées, car il n’y a aucun parti à l’Assemblée nationale qui nous ressemble», explique Nathaniel qui a œuvré pendant la campagne comme bénévole dans sa circonscription de Vanier–Les Rivières. Pour la première fois depuis que je suis en âge de voter, j’ai entendu des idées nouvelles. J’ai voulu moi aussi participer.»
Et parmi les propositions du parti d’Éric Duhaime, il y en a une en particulier qui a séduit Nathaniel et Geneviève: celle sur la famille. Il faut dire que pour le jeune couple (27 ans pour lui, 24 pour elle), l’enjeu est de taille puisqu’ils attendent leur quatrième enfant pour le mois de décembre!
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«Pour moi, c’est vraiment la proposition sur les garderies qui a fait la différence. J’ai trois enfants, bientôt quatre, et mes enfants ne vont pas à la garderie. Alors je préfère choisir quoi faire avec mon argent», explique Nathaniel, qui fait allusion à la proposition du PCQ d’éliminer le financement public des garderies pour privilégier l’aide directe aux parents.
«On associe aux gens de notre âge un vote sur l’environnement, précise de son côté Geneviève. Tout le monde pense que les jeunes votent pour Québec solidaire. Pourtant, il y a beaucoup de jeunes autour de moi qui votent pour le Parti conservateur du Québec. Associer les jeunes à QS, ce n’est pas représentatif!»
Et comment envisagent-ils la suite pour le parti?
«On a mis notre pied à terre, on a ouvert la discussion, le débat. C’est la chose la plus importante en démocratie. On a réussi à améliorer la démocratie. On va continuer», résume Nathaniel.
Comme QS, le PCQ a changé d’ère
Candidat à deux reprises dans Joliette, et une fois dans Westmount–St-Louis, Mikey Colangelo fait figure, à 29 ans, de vieux routier du Parti conservateur. Autant dire qu’il était bien placé pour assister au renouveau de la formation politique lorsqu’Éric Duhaime en a pris la chefferie, le 17 avril 2021.
«On est passé de 500 membres à 60 000 en un peu plus d’un an, c’est déjà historique, s’enthousiasme celui qui est désormais secrétaire national du parti et qui affiche fièrement sur le revers de sa veste une broche «I Love Canada’s energy» (J’aime l’énergie du Canada).
«Comme le dit si bien le slogan de Québec solidaire [sic], on a changé d’ère au Parti conservateur! Quand on voit la salle pleine de monde, le nombre de journalistes présents, les centaines de membres dans chacune des circonscriptions… C’est fou! Au Québec, le Parti conservateur du Québec compte plus de membres et de bénévoles que le Parti conservateur du Canada. Historiquement, c’est du jamais vu!»
L’enthousiasme de Mikey est à peine douché par les résultats électoraux de la soirée. Comme tous les militants présents dans la salle de bal du Manoir du Lac Delage, il dénonce néanmoins le mode de scrutin qui ne favorise pas le PCQ.
«Le Parti libéral fait 14% des votes et 23 députés, nous 13% des votes et zéro député… C’est plate! Mais quand même, 13% des votes, c’est de l’argent qui rentre dans les caisses du parti, c’est des ressources pour le futur… Mais c’est plate», avoue Mikey qui cache sa déception derrière le sourire de celui qui est fier du travail accompli.
«Je suis zéro complotiste, je suis juste de droite»
Pour Cédric, en revanche, la déception est bien palpable. Le jeune homme de 28 ans en a assez. Il veut quitter le Québec.
«Je vais crisser mon camp du Québec. Mes chums sont déjà partis en Alberta, je vais aller les rejoindre, se désole-t-il. Ma blonde vient de m’appeler et, oui, on va partir dans l’Ouest ou en Ontario! Mes enfants vont avoir un avenir ailleurs. L’avenir est là-bas, pour faire du cash, c’est là-bas qu’il faut aller!»
Selon lui, le contexte québécois est devenu intenable, loin de son mode de vie et loin de ses convictions. Il veut changer d’air.
«Ça va mal finir au Québec. Avec l’inflation, les idéologies des autres partis, les débats sur l’environnement… Le Québec est devenu le talon d’Achille du Canada. Le reste de la planète pollue, je ne vois pas pourquoi on se coucherait sur la track de chemin de fer en attendant que le train nous passe dessus», s’emporte Cédric, une casquette vissée sur la tête et la moustache finement taillée.
«Je suis zéro complotiste, je suis juste de droite. Est-ce que je suis riche? Non, je gagne mon 50 000 par année. Je veux juste que mon petit gars de 23 mois puisse avoir un avenir prospère. C’est tout!»
«Il faut bien commencer quelque part»
Pour Johanna, une jeune fille d’origine béninoise de 23 ans, l’histoire ne fait que commencer. Elle ne veut pas s’arrêter en si bon chemin.
«J’ai rencontré la candidate du PCQ dans Jean-Lesage, Denise Peter, et c’est ce qui m’a décidé à me lancer, explique-t-elle. Elle m’a convaincue de rejoindre le PCQ, un parti qui adhère à la liberté!»
La pandémie est passée par là et comme beaucoup de gens qui «n’aiment pas les obligations», Johanna a trouvé avec le PCQ un parti qui compte sur le «libre arbitre de chacun». Mieux, elle a su trouver sa famille politique.
Pour l’avenir, Johanna assure donc qu’elle va «continuer à s’impliquer, à travailler».
C’est un peu le cas de tous les militants réunis au Manoir du Lac Delage, pour qui cette élection marque le début de quelque chose, plus que la fin d’une aventure.
«On s’est fait connaître, maintenant on va continuer. Il faut bien commencer quelque part», conclut-elle.
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