Des milliers d’Ukrainiens ont fui l’invasion russe pour s’installer au Québec. Pendant la prochaine année, Le Journal suivra la famille Mariichuk – Dmytro, Oksana et leurs cinq enfants – pour mieux comprendre les hauts et les bas du parcours de ces réfugiés.
• À lire aussi: Des Ukrainiens au Québec depuis un mois: repartir à zéro avec cinq enfants
• À lire aussi: Guerre en Ukraine: réfugiés accueillis à bras ouverts par le Québec
Cela fait maintenant quatre mois qu’ils sont ici. Les Mariichuk ont une vie de plus en plus normale au Québec, mais l’envie de retourner en Ukraine les tiraille malgré tout.
« Émotionnellement, c’est très dur », soupire Dmytro Mariichuk, attablé devant un café noir qu’il a commandé dans un français tout à fait acceptable.
Du côté des aspects positifs, il y a le quotidien qui s’installe peu à peu pour la famille nombreuse, réfugiée au Québec depuis la fin mai.
Quelques semaines après son arrivée, Dmytro a été engagé par les travaux publics de Repentigny, comme en témoigne son bronzage inégal.
« Maintenant, je connais tous les parcs, toutes les piscines et toutes les fontaines de la ville ! » assure celui qui était entrepreneur en acier de construction dans son pays natal.
Sa fille et ses jumeaux – Anastasiia (14 ans), Daniil (13 ans) et Nikita (13 ans) –, eux, ont récolté des légumes une partie de l’été dans les champs de Lanaudière.
« J’ai été élevé dans une famille où on cultivait la terre, ça fait partie de notre culture, raconte leur père. Ça aurait été pire qu’ils restent à la maison. »
Retour en classe
Ses quatre enfants d’âge scolaire ont repris le chemin de l’école à la rentrée, partageant leur temps entre une classe de francisation et une classe normale.
La plus petite, Miia (3 ans), reste à la maison avec sa mère.
L’intégration est peut-être facilitée pour Anastasiia, qui parlait un bon anglais avant d’arriver ici, croit Dmytro.
Mais Andrii, 10 ans, est celui qui retient le plus facilement les nouveaux mots en français, souligne-t-il, fier de son garçon.
Or, pour les parents, la maîtrise de la langue officielle du Québec constitue encore « un gros problème », admet le trentenaire.
Oui, bien sûr, il a rapidement appris le vocabulaire de l’entretien – « tournevis », « gazon » – grâce à ses collègues. Et il suit des cours de français avec sa femme deux fois par semaine, après le travail.
Mais c’est loin de suffire aux yeux des nouveaux arrivants.
Carrière incertaine
Pensif, Dmytro se projette dans l’avenir dans son pays d’adoption, alors qu’il essaie ces temps-ci de vivre au jour le jour.
« Est-ce que je peux espérer une carrière ici ou est-ce que je vais devoir travailler avec mes mains pour le restant de mes jours ? Ce n’est pas ce que je veux… », laisse-t-il tomber, avant de demander au Journal d’écrire que son CV peut être consulté sur demande, avec un petit rire.
Le couple songe parfois à rentrer en Ukraine, à retrouver ses proches, sa petite maison de banlieue à Sviatopetrivske, près de Kyïv, bref, leur vie d’avant.
Mal du pays
Oksana, particulièrement, a le mal du pays. La mère de cinq enfants est d’ailleurs en Ukraine pour quelques semaines.
« C’est sûr qu’on n’était pas prêts à déménager ni à émigrer… Mais peut-être que l’on réalisera que la vie là-bas n’est pas aussi agréable qu’elle l’était avant la guerre », glisse Dmytro.
En attendant la suite, les Mariichuk ont tenté dans les derniers mois d’apprécier les petits bonheurs de l’été, d’un voyage éclair en famille aux chutes Niagara à une visite du Jardin botanique de Montréal.
« On essaie de voir autre chose que des problèmes », affirme Dmytro, résolu à tout faire pour le bien de sa famille.