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Genève: La régularisation des sans-papiers profitera surtout à leurs enfants

Genève: La régularisation des sans-papiers profitera surtout à leurs enfants


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GenèveLa régularisation des sans-papiers profitera surtout à leurs enfants

L’Université de Genève a enquêté sur les effets de l’opération Papyrus. Ils sont ambivalents dans un premier temps.

Papyrus a permis la régularisation de 2400 migrants sans papiers.

Papyrus a permis la régularisation de 2400 migrants sans papiers.

Lucien Fortunati/TDG

Passer du statut de résident illégal à titulaire d’un permis d’établissement ne comporte pas que des avantages. Du moins dans l’immédiat. C’est ce à quoi a conclu l’enquête «Parchemins» de l’Université de Genève (UNIGE) menée depuis 2018, date du début de l’opération Papyrus qui a permis de régulariser près de 2400 clandestins genevois. Durant quatre ans, l’équipe de chercheurs a suivi 464 personnes (lire encadré), une moitié qui pouvait prétendre à bénéficier de Papyrus, l’autre n’en remplissant pas les conditions.

Existence plus satisfaisante

Le résultat est clair. Les travailleuses et les travailleurs régularisés expriment une satisfaction dans la vie significativement plus élevée que celles et ceux demeurés sans papiers, écrivent les chercheurs d’UNIGE. Autre bénéfice, ces personnes, souvent coincées en Suisse durant de longues années, peuvent en sortir et y revenir, notamment pour retourner dans leur pays d’origine.

S’agissant de la santé, Claudine Burton-Jeangros, professeure de sociologie à la Faculté des sciences de la société, qui a conduit cette étude avec le Pr Yves Jackson, de la Faculté de médecine, indique que «ces personnes sont également mieux suivies médicalement un fois qu’elles ont obtenu un statut légal».

Moins de ressources disponibles

Ces points positifs sont toutefois contrebalancés par des effets négatifs liés au monde du travail et à l’administration. Les chercheurs notent que «la régularisation ne produit pas d’effets majeurs rapidement observables». Les réactions des migrants concernés sont «plutôt ambivalentes.» Et pour cause, le permis B qui leur est octroyé doit être renouvelé tous les un ou deux ans, ce qui entraîne tracas administratifs et pression de garder un emploi.

Les primes d’assurance maladie et les impôts grèvent des budgets qui sont déjà serrés. Enfin, employés parfois en dessous de leurs compétences réelles, les personnes régularisées peinent à obtenir des équivalences de diplômes et à redevenir concurrentielles dans un marché du travail très tendu, voire ne sont plus employées, pour des questions de hausse de salaire.

Volonté de suivi

Si dans l’immédiat, les résultats sont ambivalents, les chercheurs forment l’hypothèse que les bénéficiaires pleins et entiers de la régularisation sont la deuxième génération. La poursuite d’une formation, notamment professionnelle, puis l’entrée sur le marché du travail seront plus faciles. «La première génération, comme souvent dans les histoires de migration, est celle qui se sacrifie.»

Pour confirmer ou infirmer ce présupposé, les universitaires aimeraient pouvoir mener une nouvelle enquête dans dix ans. Claudine Burton-Jeangros souhaiterait également revoir certaines de ces personnes à l’heure de la retraite. «Il est important de pouvoir les suivre à long terme.» Malheureusement, pour l’instant, il n’est pas prévu que le financement se poursuive. En attendant, la publication des résultats permettra de valoriser l’enquête et de la faire connaître, notamment aux politiciens.

Constituer une cohorte puis garder le contact avec les personnes interrogées n’a pas été de tout repos pour les chercheurs de l’Université de Genève. La principale raison tient au manque de statut des migrants interrogés et à la méfiance éprouvée envers les institutions. Deuxième difficulté, trouver le temps de procéder à des entretiens, sachant que les migrants ont des plannings professionnels extrêmement chargés, qui impliquent de très nombreux déplacements. Enfin, au fur et à mesure de l’enquête, un certain nombre de participants a été perdu. Par essence, il s’agit d’une population instable.

Le conseiller d’État Mauro Poggia, qui a succédé à Pierre Maudet, père du projet Papyrus, juge que «globalement, cette régularisation est une bonne chose». Pour le patron du Département de la sécurité, de la population et de la santé une «compétitivité accrue sur le marché du travail au détriment de la couverture sociale était court-termiste». L’élu rappelle à quel point ces personnes ont été touchées par la crise du Covid. Enfin, il se félicite que de nouveaux migrants sans papiers n’aient pas pris la place des personnes régularisées, du moins, pour ce qui a été constaté jusqu’à présent.



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