DJERBA | Après avoir laissé planer un léger suspense sur la tenue d’une rencontre bilatérale, les premiers ministres François Legault et Justin Trudeau se sont entretenus pendant une vingtaine de minutes en marge du 18e Sommet de la Francophonie, qui s’est ouvert samedi sur l’île tunisienne de Djerba.
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Il s’agit de leur première rencontre en personne depuis l’élection québécoise du 3 octobre dernier.
Devant les caméras et les journalistes, dont seulement un nombre très limité a pu capter des images des premières minutes de leurs échanges, Justin Trudeau a insisté sur l’importance de promouvoir « le français dans le monde », au même titre que les valeurs démocratiques partagées par le Québec et le Canada, « qui sont au cœur de la Francophonie », a-t-il souligné.
Des valeurs, a continué le premier ministre Trudeau, qui sont « toujours difficiles à véhiculer, surtout ces jours-ci, à des moments de conflits et de défis démocratiques ».
« C’est un beau moment pour être ensemble, se rassembler, et être alignés sur les enjeux qui nous tiennent à cœur », a déclaré M. Trudeau.
Saïed se félicite
La tenue de cette édition du Sommet de la Francophonie en Tunisie survient dans un contexte de tensions politiques dans le pays hôte, exacerbées par les gestes posés dans les derniers mois par leur président, Kaïs Saïed, qui s’est donné tous les pouvoirs en procédant à la dissolution de son Parlement.
C’est d’ailleurs ce qui a poussé Ottawa à manœuvrer en coulisse pour faire annuler, mais succès, la tenue de ce sommet au pays du Jasmin.
Le président Saïed y a d’ailleurs fait allusion dans son discours prononcé à l’ouverture du sommet. « Comme tout le monde le sait, il a été question à des moments difficiles, pour des raisons multiples d’organiser ce sommet à distance par vidéoconférence, voir même pour certains de l’annuler pour l’organiser ailleurs, mais notre volonté inébranlable avec l’appui de nos amis a fini par l’emporter, s’est-il félicité. Nous voilà aujourd’hui réunis. »
Questionné à ce sujet peu de temps après son arrivée en Tunisie, François Legault a rappelé vendredi que le Québec « est un membre à part entière » de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) ». « On n’est pas aligné sur M. (Trudeau). Il n’y a pas de stratégie commune, a laissé tomber M. Legault. […] Évidemment, ce qui s’est passé dans la dernière année (en Tunisie), si on parle de démocratie, ce n’est pas une situation idéale. Par contre, il y a des élections le 17 décembre, ça c’est encourageant et j’aurai probablement l’occasion d’en parler, effectivement, avec le président tunisien. Il a demandé à me rencontrer. »
Déclin du français à Montréal
« Ça me fait plaisir de rencontrer Justin dans le cadre du sommet », a indiqué samedi François Legault, aux côtés du premier ministre canadien.
Pour promouvoir la langue française, « on a du travail à faire à la maison », a rappelé M. Legault, qui s’inquiète de voir que sur l’île de Montréal, le français est désormais, dans seulement 48 % des cas, la première langue parlée à la maison.
« On est tous les deux d’accord pour dire qu’il faut arrêter le déclin du français à Montréal et poser des gestes pour aller dans la direction opposée », a dit M. Legault.
Ils ont également « discuté d’inflation, un défi mondial qui touche tous les Québécois et Canadiens. Ils se sont entendus qu’ils vont continuer de collaborer pour rendre la vie plus abordable pour les Québécois et les Canadiens », a plus tard rapporté le cabinet du premier ministre Justin Trudeau.
« Il y a aussi été question et d’immigration et de santé; ils se sont entendus pour continuer de travailler ensemble afin d’assurer que les Québécois et les Canadiens puissent bénéficier d’un système qui répond à leur besoin », a ajouté son cabinet.
À l’instar de Justin Trudeau, François Legault a été accueilli samedi matin au casino de l’île de Djerba, où se déroule le sommet, par le président de la République tunisienne Kaïs Saïed et la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Louise Mushikiwabo. Ils ont échangé quelques mots le temps d’une courte prise d’images réservée exclusivement à l’OIF.
La plupart des médias qui se sont déplacés en Tunisie sont à toutes fins pratiques tenus loin des lieux où avait lieu la cérémonie officielle d’ouverture du 18e Sommet de la Francophonie, samedi matin.