Face à la pénurie de nombreux personnels de santé en Suisse, il est urgent de former plus de jeunes. L’intérêt est là, assure la directrice de de la Haute Ecole de Santé Vaud Carole Wyser, mais encore faut-il disposer de suffisamment de capacités de formation.
La pandémie de coronavirus n’a fait qu’accentuer la pénurie de personnel soignant en Suisse, et pas seulement les infirmières et les infirmiers dont un tiers quitte le métier très vite.
« Beaucoup de professionnels de la santé souffrent et c’est important d’avoir une vision globale de la pénurie », relève d’emblée la directrice générale de la Haute Ecole de Santé Vaud (HESAV) invitée lundi de La Matinale de la RTS.
Il faut aborder cette situation dans sa globalité pour trouver des réponses.
« On peut parler de pénurie du côté des sages-femmes, des physiothérapeutes, des techniciens et techniciennes en radiologie médicale, des ergothérapeutes, des assistants en soins communautaires ou de blocs opératoires », détaille Carole Wyser. « Il faut vraiment aborder cette situation dans sa globalité pour trouver des réponses. »
La Haute école lausannoise a remis des bachelors jeudi dernier à 225 étudiantes et étudiants fraîchement diplômés. Mais c’est trop peu, confirme la directrice qui souligne que toutes et tous ont déjà trouvé un emploi. « Donc ils étaient fortement attendus dans le système de santé. »
Manque de places de stage
Il faudrait pouvoir former plus de monde dans ces professions de la santé, mais, pour certaines en tout cas, c’est impossible. « On a des professions régulées, avec un nombre de places limitées chez les sages-femmes et la physiothérapie », explique Carole Wyser.
Et c’est notamment lié au nombre restreint de places de formation pratique. « Nous sommes une formation universitaire mais professionnalisante », rappelle-t-elle. « Cela signifie environ 40 semaines de stages pratiques pendant les trois ans de formation bachelor. Et donc on dépend des places [de stage] mises à disposition. »
La pénurie empêche d’augmenter le nombre d’étudiants
C’est donc un cercle vicieux: « La pénurie empêche d’augmenter le nombre d’étudiants. Et en même temps, le système a besoin d’accueillir plus d’étudiants pour pouvoir répondre à la pénurie », déplore Carole Wyser.
Aujourd’hui, par exemple, quelque 400 candidats attendent pour rentrer dans la filière physiothérapie de l’HESAV, qui ne peut en accueillir que 20%. A l’inverse, d’autres filières manquent de jeunes candidats. C’est le cas des soins infirmiers ou des techniciens en radiologie médicale.
Se pose alors la question de l’attractivité: « C’est important aussi d’en remontrer le sens, la beauté », souligne cette spécialiste de la formation. « Ces derniers mois, on a beaucoup mis l’accent sur la difficulté de ces professions et c’est important de leur redonner leur noblesse, pour pouvoir les rendre attractives auprès de nos jeunes. »
Nécessité de réponses à plusieurs niveaux
Il faut donc apporter des réponses à plusieurs niveaux. Il s’agit de rendre certaines professions plus attractives, et donc de travailler notamment sur les conditions de travail. « Mais il faut aussi que nous puissions augmenter le nombre de personnes à former tout en maintenant le niveau de qualité de la formation », relève la directrice de l’école.
C’est vraiment important d’avoir une vision globale au niveau suisse.
Et pour Carole Wyser, la solution doit être nationale. « Pour nous, c’est vraiment important d’avoir une vision globale et pouvoir apporter des réponses au niveau suisse en matière de complémentarité sur les différentes professions. »
Propos recueillis par David Berger/oang