« Les citoyens vont dans les étals [des supermarchés], voient les prix qui augmentent (…) et ils se disent que c’est du vol. C’est compréhensible tant cette inflation est soudaine et continue », s’indigne, sur la chaîne de radio Skai, le ministre du développement et de l’investissement, Adonis Georgiadis. Face à une inflation rampante qui a atteint 12,1 % – l’une des plus élevées de l’Union européenne selon Eurostat –, le gouvernement conservateur grec a décidé de lancer, à partir du 2 novembre, un « panier » permettant à tous les ménages de trouver un produit dans 31 catégories (pain, lait, pâtes, riz, viande…) à un prix privilégié dans les supermarchés qui réalisent plus de 90 millions d’euros de chiffre d’affaires par an.
Toutes les chaînes, en accord avec le ministère, doivent donc mettre en avant un produit pour chaque catégorie à un prix peu élevé et en faire la publicité sur Internet ou sur les brochures publicitaires. Celles qui ne le font pas à temps risquent une amende de 5 000 euros par jour de retard. Cette mesure, qui entre en vigueur le 2 novembre, doit durer au moins jusqu’à la fin du mois de mars selon le ministère du développement et de l’investissement, sachant que la liste des produits pourra être mise à jour au fur et à mesure.
Selon une étude de NielsenIQ, les ménages grecs ont payé, sur les neuf premiers mois de 2022, dans les grandes surfaces du pays, environ 320 millions d’euros de plus qu’à la même période l’an dernier, tout en achetant moins de produits (− 1,8 %). Le journal Realnews a recensé la valse des étiquettes dans 27 catégories : le bœuf a augmenté de 33 % en un an, le lait, de 25 %, et l’huile d’olive, de 26 %.
Subvention d’urgence
Mais c’est surtout dans le domaine de l’énergie que les hausses ont été les plus spectaculaires : les prix du gaz ont quadruplé en un an (+ 332 %), et ceux de l’électricité se sont envolés de 30 %. Alors que l’hiver approche, de nombreux Grecs craignent de ne pouvoir se chauffer correctement. D’après un récent sondage de l’Institut Marc, la plus grande inquiétude de la population grecque est l’augmentation du coût de la vie (à 84,5 %) loin devant les tensions avec la Turquie (44 %).
Le premier ministre Kyriakos Mitsotakis a annoncé en septembre le déblocage d’une enveloppe de 5,5 milliards d’euros avec une aide exceptionnelle de 250 euros pour les plus faibles revenus, des aides au logement pour les étudiants, ainsi qu’une subvention d’urgence pour les agriculteurs. Le ministère de l’énergie a également mis en place des allocations permettant de réduire les factures d’électricité : pour une consommation d’environ 500 kWh par mois, par exemple, l’aide est de 238 euros. Mais, pour 51 % des personnes interrogées par l’institut de sondage Pulse, cette aide n’est pas suffisante.
Pour le principal parti d’opposition, Syriza (gauche radicale), « cette mesure du panier de la ménagère est une moquerie, un jeu de communication du gouvernement ». Syriza souhaiterait que la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur les denrées alimentaires (de 13 %) soit revue à la baisse, tout comme les taxes sur les carburants, pour soulager les ménages. « C’est une fausse idée que de penser que, en réduisant la TVA, l’inflation va disparaître », rétorque Adonis Giorgiadis.