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en Afrique du Nord, les entraîneurs sur un siège éjectable

en Afrique du Nord, les entraîneurs sur un siège éjectable


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L’entraîneur belge José Riga (ici en 2016) a été remercié par la JS Kabylie à peine trois mois après y avoir posé ses valises.

En Algérie, avec la rentrée, la valse des entraîneurs de football a repris de plus belle. Le Belge José Riga a ainsi été prié, début septembre, de quitter le club de la JS Kabylie (JSK), à Tizi-Ouzou, où il avait posé ses valises il y a à peine trois mois. Même scénario pour le Bosnien Faruk Hadzibegic, remercié le 11 septembre par le Mouloudia Club d’Alger (MCA). Les deux techniciens ont été limogés après seulement trois journées disputées et un début de championnat compliqué : trois défaites pour la JSK, deux nuls et une défaite pour le MCA.

L’Algérie n’est pas une exception en Afrique du Nord. La saison dernière, la grande majorité des clubs algériens mais aussi marocains, tunisiens, libyens et égyptiens se sont séparés au moins une fois de leur coach. Ce phénomène n’est pas récent : depuis 2010, la JSK a ainsi changé 26 fois d’entraîneur, tout comme le Raja Casablanca au Maroc, derrière l’Etoile sportive du Sahel en Tunisie (34 fois) ou le Zamalek en Egypte (33 fois).

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« Cela concerne tous les clubs, quelle que soit leur taille, même si les grandes équipes, où il y a une exigence de résultats plus forte, sont plus exposées, décrit l’ancien international algérien Ali Fergani, qui a entraîné dans quatre championnats nord-africains (Algérie, Maroc, Libye, Tunisie). Comme la pression populaire est intense, les dirigeants préfèrent couper une tête – et c’est toujours celle de l’entraîneur – pour calmer les supporteurs. C’est triste, mais cela fait des décennies que ça se passe comme ça. »

Public, médias et réseaux sociaux

L’impatience exprimée par les supporteurs et la presse est aujourd’hui amplifiée par les réseaux sociaux. Pourtant, « un entraîneur a besoin de temps pour travailler, et ce n’est pas en le limogeant après trois ou quatre mauvais résultats qu’on va forcément régler les problèmes », intervient Youssef Djebbari, président du Mouloudia d’Oran, qui se dit « partisan de la stabilité ». Les faits semblent parler pour lui : déjà président entre 1991 et 1994, Youssef Djebbari avait maintenu à son poste Abdellah Mecheri malgré des critiques régulières ; sous sa supervision technique, le club oranais avait alors conquis deux titres de champion (1993 et 1994), les derniers inscrits à son palmarès.

« Au Wydad, on m’a viré suite à une défaite à domicile alors que l’équipe était première », se souvient Sébastien Desabre

Le public joue un rôle prépondérant dans ce mouvement perpétuel sur les bancs de touche nord-africains. « Après la première vague du Covid, en 2020, alors que les matchs se déroulaient à huis clos, des entraîneurs sont restés en place malgré de mauvais résultats, observe l’ancien international marocain Hassan Benabicha, directeur technique du Wydad Casablanca après avoir entraîné plusieurs clubs du royaume. Mais quand le public est revenu, et la pression avec, trois matchs nuls consécutifs pouvaient suffire à vous faire renvoyer. »

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Le Français Sébastien Desabre, aujourd’hui sélectionneur de la République démocratique du Congo (RDC), a entraîné plusieurs clubs nord-africains, dont le Wydad Casablanca et l’Espérance sportive de Tunis, et a lui aussi connu le passage prématuré à la comptabilité.  « Au Wydad, on m’a viré suite à une défaite à domicile alors que l’équipe était première. Il faut accepter le fonctionnement des clubs dans cette partie de l’Afrique. C’est presque culturel, ça a de mauvais côtés, mais personnellement, ça m’a donné de la force », affirme-t-il.

« Evidemment, ça coûte cher »

En Afrique du Nord, les stades de football peuvent aussi devenir des lieux de contestation : un mécontentement purement sportif s’y mue parfois en grogne politique ou sociale. Or certains clubs sont étroitement liés au pouvoir en place. De quoi inciter les autorités à réagir et exiger du changement après quelques mauvaises performances. « Si un club est proche du pouvoir ou largement soutenu par une société étatique [comme le MCA avec la compagnie pétrolière Sonatrach] et que les résultats sont négatifs et donc mauvais pour l’image, ces clubs peuvent se permettre, car ils en ont les moyens, de renvoyer le coach », confirme Ali Fergani.

Car cette rotation rapide pèse sur les finances. « Evidemment, quand on change une ou deux fois d’entraîneur au cours d’une même saison, ça coûte cher. Les salaires, pour les meilleurs locaux ou les étrangers, peuvent atteindre 20 000 euros par mois et même plus dans certains grands clubs », estime Youssef Djebbari. Au Maroc, une mesure prise en 2020 pour limiter les mouvements contraint un club qui licencie prématurément son entraîneur à lui payer l’intégralité de son contrat, généralement d’une durée d’un an.

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Ailleurs, un coach limogé avant la fin ne percevra pas tous ses émoluments, comme le précise le Français Hubert Velud, sélectionneur du Burkina Faso et ancien entraîneur de plusieurs clubs maghrébins : « En général, vous partez avec un, deux ou trois mois de salaire, après un accord à l’amiable, cela dépend des clauses du contrat. Ainsi, vous n’êtes pas blacklisté sur le marché local, contrairement aux entraîneurs qui réclament l’intégralité de leur contrat. » Certains techniciens ont engagé des recours devant la Fédération internationale de football (FIFA), gagné le bras de fer entamé avec leurs anciens employeurs et récupéré tout leur argent. Mais certaines portes se sont ensuite refermées, au moins provisoirement.

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