La Confédération française démocratique du travail (CFDT) est en état de choc. Frédéric Sève, son numéro trois, est mort, lundi 25 juillet, foudroyé par une crise cardiaque durant une randonnée pédestre, en Savoie, où il passait ses vacances. Le drame s’est produit peu après l’aube, sur le territoire de la commune d’Aime-la-Plagne, en surplomb de la vallée de la Tarentaise. Le syndicaliste, âgé de 55 ans, venait de s’élancer sur un sentier, avec un de ses frères et des amis. Son « décès brutal » a été annoncé le lendemain par un communiqué de la centrale cédétiste. « Nous perdons un ami et un militant remarquable, confie Laurent Berger, le secrétaire général de la confédération. Il va falloir redémarrer sans lui. Je suis effondré. »
L’émotion suscitée par sa disparition va bien au-delà du cercle des proches et de l’organisation où il s’était engagé en 2000. Ministres, parlementaires, responsables syndicaux et patronaux ont exprimé leur tristesse sur le réseau social Twitter, tout au long de la journée de mardi. « Son talent et sa capacité de négociation manqueront au dialogue social », a réagi Olivier Dussopt, le ministre du travail. Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, a salué « un grand syndicaliste ». C’était un « homme fin et intelligent », a renchéri Boris Vallaud, le responsable du groupe PS à l’Assemblée nationale.
Si son nom n’était pas familier pour le grand public, Frédéric Sève faisait partie des figures qui comptent dans le champ du social. Coiffé de sa casquette de secrétaire national, il était, depuis six années, le « M. Retraites » de la CFDT. Sous la précédente législature, c’est lui qui a piloté la délégation cédétiste au cours des innombrables réunions consacrées à l’élaboration du régime universel de pensions – une promesse de campagne d’Emmanuel Macron partie en fumée à la fin du premier quinquennat. Ses contradicteurs, au sein de l’exécutif comme dans la majorité, le respectaient, car il maîtrisait le dossier tout en faisant preuve d’ouverture d’esprit.
Une parole prise au sérieux
Bien que réservé et parlant doucement, sa parole était prise très au sérieux, quand il rappelait l’attachement de la CFDT à une réforme systémique des retraites et son hostilité à des mesures concourant à un report de l’âge de départ. « C’était un partenaire exigeant, qui avait une vision complète du sujet et avec qui il était intéressant de réfléchir », affirme Laurent Pietraszewski, secrétaire d’Etat chargé des retraites sous les gouvernements d’Edouard Philippe et de Jean Castex. Dans les rangs de la confédération, ils sont nombreux à louer ses qualités humaines, son honnêteté intellectuelle, son goût des autres, sa drôlerie teintée d’autodérision.
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