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Emmanuel Macron au Cameroun et au Bénin, une tournée à risque

Emmanuel Macron au Cameroun et au Bénin, une tournée à risque


Des employés municipaux décorent de drapeaux français et camerounais le centre de Yaoundé à la veille de la visite officielle du président français Emmanuel Macron, le dimanche 24 juillet 2022.

Pour la première tournée africaine du second mandat d’Emmanuel Macron, l’Elysée avait un temps envisagé un passage par la Zambie, escale inattendue inspirée, dit-on dans l’entourage présidentiel, par « la forte impression » laissée par son président, Hakainde Hichilema, lors de leur rencontre en février à Bruxelles, au sommet Union africaine-Union européenne. Il n’en sera rien.

Plutôt qu’un président nouvellement élu, qui se propose, en pleine guerre en Ukraine, d’utiliser la production agricole de son pays pour contrebalancer la pénurie de céréales et atténuer l’insécurité alimentaire qui en découle, M. Macron s’est finalement résolu à un voyage plus « classique » du 25 au 28 juillet au Cameroun, au Bénin et en Guinée-Bissau. « Le choix des trois pays visités reflète à la fois une volonté de continuité sur le fond, mais aussi d’approfondissement des partenariats », explique-t-on à l’Elysée.

« Une priorité politique »

Après avoir cherché en vain à jouer les médiateurs dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine, en pleine présidence française de l’Union européenne au premier semestre, le chef de l’Etat entend signifier, dès le début de son second quinquennat, que le « renouvellement » des relations entre Paris et les capitales africaines restent « une priorité politique », en dépit du retrait forcé des troupes françaises du Mali et de la rivalité de fait engagée avec Moscou dans une partie du continent.

En 2017, le contexte était bien différent. A peine élu, Emmanuel Macron avait effectué son premier voyage sur le continent à Gao, au Mali, pour y soutenir les soldats de l’opération antiterroriste « Barkhane » et tancer le président de l’époque, Ibrahim Boubacar Keïta (« IBK »), qu’il jugeait trop velléitaire dans la lutte contre les djihadistes et la stabilisation de cet Etat failli. Depuis lors, IBK a été renversé par des putschistes en août 2020, avant de mourir moins de deux ans plus tard.

Ajourd’hui, la France est contrainte à un peu glorieux retrait militaire du pays, prévu pour s’achever d’ici à la fin de l’été, après l’intrusion des mercenaires russes de Wagner, qui soutiennent la junte. Et son influence sur le continent n’a jamais été soumise à une telle remise en cause dans les rues d’Afrique francophone. « Notre objectif n’est pas d’être moins présents au Sahel comme en Afrique, bien au contraire, explique désormais la présidence, mais il va falloir que l’on apprenne à se voir autrement et à être vu autrement. »

Lire aussi : Mali : en plein retrait militaire, la France conteste la rupture des accords de défense

Ce déplacement dans « des zones d’intérêts stratégiques » est donc une façon de ne pas perdre davantage de terrain : Cameroun et Bénin sont deux pays d’Afrique francophone qui, pour des raisons différentes, tiennent une place particulière dans les relations franco-africaines. Mais ils sont aussi deux régimes autoritaires, l’un au crépuscule, l’autre en construction, au moment où les principes démocratiques sont remis en cause partout sur le continent.

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