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GenèveDiscriminations et violences à l’école, l’État dresse le bilan
Les insultes portent davantage sur le physique, le genre et l’orientation sexuelle que sur l’origine ou la couleur de peau. Les cas de violences restent stables, mais sont plus graves.
Insultes, bagarres, discriminations. Beaucoup d’élèves font face à ces situations dans l’enceinte de l’école. Deux études, présentées mardi par le Département de l’instruction publique (DIP), dressent un état des lieux. L’une, réalisée entre 2020 et 2021, porte sur les violences aux cycles d’orientation (CO). L’autre, menée entre 2021 et 2022, se focalise sur les discriminations vécues par les enfants tout au long de leur scolarité obligatoire, soit de 4 à 18 ans.
Les filles, davantage bagarreuses
En matière de violences au CO, qui accueille des élèves de 12 à 15 ans, «les acteurs du terrain ne constatent pas d’augmentation des cas ces dernières années. Depuis leur recensement en 2008, entre 100 et 120 actes de violence sont enregistrés chaque année. En revanche, les faits sont de plus en plus graves et impliquent davantage de filles, qui n’hésitent plus à jouer des poings», résume Youssef Hrizi, qui a participé à la recherche. Les violences collectives, aussi, sont en hausse. Toutefois, le rapport souligne que les élèves font davantage état de violences verbales (insultes, moqueries, humiliations) que physiques. La problématique du harcèlement et des réseaux sociaux apparaît également comme une préoccupation majeure chez les jeunes.
Le physique pointé du doigt
Concernant les discriminations, c’est la surprise! «On aurait pu s’attendre à voir apparaître le racisme et la xénophobie en tête, mais ce sont les discriminations liées au physique, au genre et à l’orientation sexuelle qui ressortent le plus», relève la patronne du DIP, Anne Emery-Torracinta. En effet, en primaire, 16% des enfants interrogés estiment avoir été souvent discriminés en raison de leur apparence. Au secondaire 1 et 2, ils sont un peu plus de 14%.
Les discriminations liées au genre sont plus marquées chez les très jeunes et les plus âgés avec plus de 12% d’entre eux qui disent avoir été discriminés une ou deux fois. À titre de comparaison, moins de 6% des élèves, tous degrés confondus, relatent des actes discriminants réguliers liés à leur origine.
Certains portent le bonnet d’âne
Les résultats à l’école sont aussi évoqués comme facteurs discriminants. Près de 17% des élèves du primaire indiquent avoir une ou deux fois été la cible de ce type de discriminations. Le chiffre grimpe à près de 29% pour les élèves du secondaire 2.
Au total, près de 35% des participants confient avoir souvent subi des discriminations en tout genre durant la primaire. Au secondaire 1, ils sont 29% et un peu plus de 30% au secondaire 2. Enfin, les filles font davantage état de traitements inégalitaires que les garçons.
Pas de nouvelles mesures en vue
«Pour combattre les discriminations et la violence à l’école, il faut d’abord comprendre ces phénomènes», estime Anne Emery-Torracinta. C’est désormais chose faite. Quelles nouvelles mesures de lutte ces études ont-elles ou vont-elles initier? Pour l’heure, aucune, admet la secrétaire générale adjointe du DIP, Éléonore Zottos. «Nous en sommes encore au stade de la réflexion.»
Plusieurs centaines d’enfants ont été interrogés. «Nous avons envoyé un questionnaire aux 19 cycles d’orientation du canton pour l’étude sur la violence, détaille Youssef Hrizi. Puis, nous avons réalisé des entretiens de groupe dans trois d’entre eux.» Du côté des discriminations, le travail a porté sur tous les degrés de l’école obligatoire, soit de 4 à 18 ans. En plus d’un questionnaire en ligne, les chercheurs ont rencontré entre 600 et 700 enfants de l’école primaire, environ 1000 dans les CO et un peu moins d’une centaine au secondaire 2 (15-18 ans).