Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a récemment exprimé son souhait d’identifier des mesures d’économies afin de redresser les finances publiques de la France. Dans une interview accordée au Journal du dimanche le 28 janvier, il a déclaré que toutes les dépenses publiques seraient passées au peigne fin, ajoutant que « la France est à l’euro près ». Plus tard, lors d’une interview sur Franceinfo le 13 mars, il a annoncé une nouvelle méthode visant à réduire les dépenses publiques. Cette méthode inclut un séminaire du gouvernement autour de la première ministre sur la baisse des dépenses publiques afin que chaque ministre se sente concerné et fasse le nécessaire dans son administration.
Cependant, la question qui se pose est de savoir si les pouvoirs publics iront jusqu’au bout pour obtenir ces mesures d’économies, étant donné que le président Emmanuel Macron avait déjà promis de réduire la dépense publique de 3 points de produit intérieur brut (PIB) pendant son premier mandat avant de renoncer. En 2019, Bruno Le Maire avait déjà déclaré vouloir tailler dans les aides aux entreprises pour 5 milliards d’euros, mais il avait également renoncé.
Les critiques de la Cour des comptes ont souligné les défis auxquels les pouvoirs publics font face pour sortir du « quoi qu’il en coûte ». Selon le programme des dépenses publiques envoyé à Bruxelles, la France devrait réduire ses dépenses publiques de quatre points de PIB, passant de 57,5 % en 2022 à 53,5 % en 2027. La question est donc de savoir dans quels domaines la France va chercher des économies.
En utilisant les comparaisons entre les Etats membres de la zone euro sur les montants des dépenses publiques, Eurostat fournit des indications sur les postes où la France dépense davantage que les autres pays de la zone euro, et où l’on pourrait espérer des économies possibles, si aucun argument clair ne peut justifier ces dépenses plus élevées. En 2021, la France avait le niveau de dépenses publiques le plus élevé de la zone euro, représentant 59,2 % du PIB, contre 52,4 % pour la zone euro et 51,5 % pour l’Allemagne.
Cependant, il convient de se demander dans quels domaines les dépenses publiques de la France se situent-elles aujourd’hui au-dessus de la moyenne de la zone euro. Ce sont d’abord les retraites, dont la part dépasse celle de la zone euro de 2,1 points de PIB. La réforme des retraites, si elle permet effectivement de diminuer le poids des retraites dans le PIB, irait donc dans le bon sens. Cependant, ce sont également les dépenses publiques pour le logement, dont la part est supérieure d’au moins un point de PIB à la moyenne. Cet écart est d’autant plus préoccupant que, malgré ces dépenses élevées, le secteur du logement affronte une grave crise. Une révision en profondeur des mécanismes d’aide au logement permettrait probablement d’en améliorer l’efficacité.
En somme, il est clair que pour redresser efficacement les finances publiques de la France, une réduction des dépenses publiques est nécessaire. Cependant, les pouvoirs publics devront faire preuve de courage politique pour mener à bien ce processus. Et, pour que cette réduction soit efficace, il est important de l’appliquer là où les dépenses publiques sont les plus élevées, tout en garantissant qu’aucun segment de la population ne soit laissé pour compte.