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« Le projet budgétaire du gouvernement français est inutile, dangereux et injuste »

« Le projet budgétaire du gouvernement français est inutile, dangereux et injuste »



Le nouveau projet budgétaire du gouvernement français, dévoilé par Bruno Le Maire lors de la présentation du Programme de stabilité de la France pour 2023, a pour objectif d’accélérer le désendettement du pays. Le ministre des Finances souhaite en effet « ramener le déficit public à 2,7 % et la dette publique à 108,3 % du produit intérieur brut (PIB) en 2027, soit 4 points de dette en moins que ce qui avait été envisagé il y a un an lors du précédent Pstab ». Il considère cet effort comme un principe de justice, arguant qu’après le sacrifice demandé à la population avec la réforme des retraites, il serait normal qu’un effort soit demandé aux administrations publiques. Mais qui peut avaler un argument aussi grossier ? Loin de s’agir d’une question de justice, c’est en réalité la poursuite implacable de la dégradation des services publics et de la protection sociale qui est programmée.

Le gouvernement justifie sa position en invoquant la hausse des taux d’intérêt qui alourdirait la charge de la dette publique et menacerait sa soutenabilité. Cependant, selon l’Agence France Trésor, en avril, la demande des investisseurs a été deux fois plus importante que le volume de titres français émis, ce qui signifie que la dette française reste éminemment attractive et qu’elle ne suscite aucune inquiétude sur les marchés financiers. En outre, la charge de la dette atteindrait 70 milliards d’euros en 2027, soit 2% du PIB en 2027 contre 1,8% en 2022, selon les prévisions du gouvernement. Cette légère hausse est en partie due à l’émission de titres indexés sur l’inflation. Or ces titres, en protégeant les revenus financiers alors que les salaires ne le sont pas, représentent un élément de plus d’injustice sociale.

Le choix du gouvernement est donc inutile, dangereux et surtout injuste. Inutile car les appréciations financières ne montrent pas d’inquiétude quant à la soutenabilité de la dette française. Dangereux car le gouvernement envoie un signal de fébrilité en voulant conditionner la signature française à la réforme des retraites et aux baisses de dépenses à venir. Afficher publiquement que la signature française est conditionnée à ces mesures est une stratégie périlleuse, sinon contre-productive, comme en témoigne la récente dégradation opérée par l’agence de notation Fitch, qui s’est déclarée bien plus inquiète du climat social en France que de l’absence de la réforme des retraites, ou encore la réaction de son homologue Moody’s, qui a souligné qu’en passant en force par le 49.3, le gouvernement obérait les capacités de réforme à venir.

En définitive, ce nouveau projet budgétaire du gouvernement ne s’inscrit pas dans une logique de justice et de progrès, mais plutôt dans une démarche de réduction aveugle des dépenses publiques. Les atteintes à la protection sociale et aux services publics ne peuvent être justifiées par la seule nécessité de désendetter le pays. Derrière cette logique économique court-termiste, il y a une vision étroite et dogmatique de l’action publique, qui ne laisse aucun espoir d’amélioration pour les citoyens.

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