Attaqué sur sa gauche et sur sa droite, François Legault s’est retrouvé sur la défensive durant le premier débat des chefs du marathon électoral. Le premier ministre sortant a passé un mauvais quart d’heure, devant l’insistance de Gabriel Nadeau-Dubois et d’Éric Duhaime, sans être mis au tapis.
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Les leaders des différentes formations politiques sont arrivés gonflés à bloc pour le premier affrontement télévisé de la campagne dans les studios de TVA à Montréal.
Si François Legault s’était déjà prêté au jeu, les quatre autres chefs en étaient à leur toute première expérience. Mais leurs attaques ont fait mouche.
Le ton a monté dès les premières minutes de la joute oratoire entre les débatteurs au sujet du troisième lien entre Québec et Lévis.
Attaqué par le conservateur, le chef de la CAQ a dû défendre son projet de tunnel sous-fluvial et, surtout, répondre au sujet des études que le gouvernement ne veut pas rendre publiques.
Selon François Legault, on ne peut dévoiler des analyses qui ont été réalisées avant la pandémie et l’avènement du télétravail.
« Est-ce que oui ou non vous allez diffuser les études ? Les gens ont le droit de savoir avant le 3 octobre, a raillé l’ex-animateur de radio, champion des lignes assassines. On les a payées, on veut les lire avant de voter ! »
Après une première salve d’Éric Duhaime, le premier ministre sortant a dû en encaisser une seconde de la part du péquiste Paul St-Pierre Plamondon. Le troisième lien ne se fera jamais et tout le monde le sait, a-t-il scandé. « C’est à se demander si les architectes de leur tunnel, c’est les animateurs de Radio X », dit le chef du PQ.
- Écoutez en balado le Face-à-Face des chefs 2022 qui était diffusé en direct à la radio via QUB radio :
Mais le chef caquiste s’en ait lui aussi mêlé. À chaque fois que l’occasion s’est présentée, François Legault a brandi l’épouvantail des « taxes oranges » sous un gouvernement solidaire.
Choc gauche-droite
Un choc brutal a aussi opposé le solidaire Gabriel Nadeau-Dubois et le conservateur Éric Duhaime, aux antipodes sur l’échiquier politique.
Ce dernier a reproché au parti de gauche de s’adonner à un véritable strip-tease de taxes durant la campagne électorale.
Piqué au vif, le co-porte-parole de Québec solidaire a répliqué du tac au tac que le Parti conservateur n’avait aucune préoccupation pour l’environnement.
« M. Duhaime, présentez-vous comme gouverneur du Texas, vous allez être vraiment à votre place », a lancé Gabriel Nadeau-Dubois.
Le pire confineur !
La pandémie a donné lieu à un échange corsé entre le libertarien Éric Duhaime et le premier ministre sortant, aux commandes du gouvernement qui a dû gérer la crise.
François Legault a accusé son vis-à-vis d’avoir eu des positions irresponsables durant la pandémie en raison de son opposition aux mesures sanitaires.
Le chef conservateur n’a pas déçu ses partisans. « Comment ça se fait que vous avez été le pire confineur du continent ? » a rétorqué le conservateur.
François Legault a aussi été attaqué sur la langue par le chef péquiste. «Jamais dans l’histoire du Québec on a vu un déclin aussi rapide que dans les quatre années de la CAQ», a signalé PSPP.
Anglade comparée à Charest
La cheffe libérale a tenté en vain de passer à l’attaque contre son rival solidaire, qui grapille des votes dans l’électoral libéral sur l’Île de Montréal. Dominique Anglade a accusé Gabriel Nadeau-Dubois de vouloir dépenser de l’argent public qui devrait servir à lutter contre la santé mentale pour promouvoir la souveraineté du Québec.
Tel un boomerang, la charge Dominique Anglade s’est retournée contre elle. «Vous me rappelez Jean Charest, qui utilisait l’indépendance à chaque fois qu’il sentait qu’il allait perdre un débat!», a répliqué son adversaire, du tac au tac.
Gabriel Nadeau-Dubois a accusé la leader libérale de ne pas avoir été à la hauteur du rôle de cheffe de l’opposition officielle, un siège que le solidaire convoite.
Un échange sur la liberté académique a également mené à un moment inattendu lorsque Paul St-Pierre Plamondon a mis au défi Gabriel Nadeau-Dubois de nommer le livre de Pierre Vallières. Le leader solidaire a alors prononcé du bout des lèvres les mots : « Nègres blancs d’Amérique ».
– Avec la collaboration de Patrick Bellerose, Annabelle Blais, Marc-André Gagnon, Nicolas Lachance et Taïeb Moalla
Voici les meilleurs échanges
« Les gens se demandent pourquoi le parti libéral n’a pas été une bonne opposition officielle depuis 4 ans. […] Vous parlez exactement comme François Legault. Vous avez la même vision du Québec. D’ailleurs vous êtes une ancienne de la CAQ. Toutee est dans tout »
- Gabriel Nadeau-Dubois
« Non. Toute n’est pas dans tout M. Nadeau-Dubois »
« M. Duhaime, présentez-vous comme gouverneur du Texas, vous allez être vraiment à votre place. »
- Gabrielle Nadeau-Dubois
« Moi M. Nadeau-Dubois je ne vous insulterai jamais, puis je n’irai jamais vous dire de vous présenter à Cuba ok? J’aimerais ça qu’on reste respectueux. »
« Vous passez beaucoup de temps à parler de la classe moyenne, mais la vérité c’est que la classe moyenne vous la connaissez pas […]»
- Gabriel Nadeau-Dubois
« Quand vous dites que vous allez mettre une taxe orange de 4800$ sur une Toyota Camry et une taxe orange de 7500$ sur quelqu’un qui achète une fourgonnette familiale, si c’est pas la classe moyenne c’est qui ça? »