Des professionnels de soins dentaires sont très inquiets par l’arrivée de nouvelles directives sur le contrôle des infections, estimant que celles-ci menacent l’accessibilité aux soins et la survie de plusieurs cliniques dentaires.
L’Ordre des dentistes du Québec (ODQ) a récemment envoyé à ses membres un document intitulé Lignes directrices : contrôle des infections et retraitement des dispositifs médicaux, faisant état de nouvelles directives sur l’asepsie et la stérilisation qui devront être mises en application en 2023. Elles ont été élaborées avec la collaboration de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).
On y retrouve notamment des mises à jour au niveau de l’aménagement des cabinets de dentiste, de la stérilisation et de la ventilation. Il est important de préciser que ce projet n’a pas encore été adopté par l’Ordre.
La lecture du document de plus de 80 pages a fait sursauter plusieurs dentistes.
«Le principe de précaution va beaucoup trop loin», observe Dr Carl Tremblay, président de l’Association des chirurgiens-dentistes du Québec (ACDQ).
Il souligne que le milieu des soins dentaires n’éprouve pas de problèmes en ce qui a trait à l’asepsie et la stérilisation. Il estime que plusieurs éléments du document devraient être révisés, voire retirés et que les coûts faramineux qui y sont reliés auront des impacts sur la facture des patients.
«Il y a un côté administratif lourd, en plus de la traçabilité de la stérilisation qui est également lourde et très coûteuse», poursuit Dr Tremblay.
Ajustements coûteux
Il s’inquiète également des répercussions reliées à l’une des directives qui exige un aménagement précis du centre de stérilisation.
«Ils demandent des configurations très précises de ces aires de travail. […] s’y conformer peut exiger des rénovations très coûteuses ou impossibles», fait valoir le président de l’ACDQ.
Accès aux soins menacé
Dr Georges Girard, propriétaire d’un centre dentaire spécialisé en implantologie, s’inquiète des impacts sur l’accès aux soins, mais également sur la profession.
«On a déjà des systèmes de stérilisation un peu plus complexes. Il faudra néanmoins que je mette ça à niveau avec ce que l’Ordre demande. On parle de 20 à 25 000$ d’investissement malgré leur efficacité», explique-t-il.
Drs Tremblay et Girard croient que ces directives mèneront des professionnels à fermer leur clinique, à prendre des retraites anticipées ou bien à vivre de la détresse, ce qui menace l’accès aux soins pour les patients.
L’ODQ indique de son côté que ces normes n’avaient pas été mise à jour depuis 2009. Les membres et associations ont pu donner leurs commentaires sur celles-ci.
Elle analyse présentement ces commentaires, afin de poursuivre ses représentations auprès de l’INSPQ, afin de définir les normes applicables dans les cabinets dentaires.