Après avoir vu les six épisodes de la série documentaire de Dany Turcotte sur les hommes, je n’ai qu’un mot à lui dire : «Merci».
Parce que dans cette série présentée sur Savoir média, on donne enfin la parole aux hommes québécois qui vivent avec le décrochage scolaire, le suicide, la détresse.
C’est fou, on y parle même d’un certain «sexisme» envers les hommes!
C’EST BEAU UN HOMME
Oui, c’est possible de parler de «masculinité» en 2022 sans mettre constamment l’adjectif «toxique» à côté.
C’est ce que Dany Turcotte et le réalisateur, scénariste et producteur Jean Roy ont fait dans les six épisodes de cette série que j’ai visionnée au cours des derniers jours. Éducation, sexualité, parentalité, santé mentale : Jean et Dany ont donné la parole à des spécialistes et des «Monsieur Tout-le-Monde» qui parlent des problèmes spécifiques que vivent les hommes. Taux de suicide ou de décrochage plus élevé, manque de ressources d’aide, incapacité à parler de ses sentiments.
- Écoutez l’entrevue avec Dany Turcotte et Jean Roy à l’émission de Sophie Durocher diffusée chaque jour en direct 15 h 18 via QUB radio :
Plusieurs interventions m’ont particulièrement marquée.
Le directeur d’un groupe d’aide aux hommes qui affirme : «Il n’y a pas juste le gouvernement qui doit aider. Vous savez qu’il n’y a pas beaucoup de compagnies au Québec qui s’associent à un groupe d’aide pour hommes. Pourquoi? Parce qu’eux aussi sont confrontés aux mêmes préjugés que l’ensemble de la population. S’associer aux groupes d’aide pour hommes, c’est s’associer au risque».
Le psychologue et spécialiste de l’éducation Égide Royer qui raconte que lorsque l’on valorise les modèles féminins pour les filles, tout le monde applaudit… mais qu’on ne réagit pas de la même façon quand on dit qu’il faut plus de modèles masculins pour les garçons.
Un intervenant en sexualité qui affirme : «On ne nous a pas appris à parler de notre vulnérabilité, de notre sensibilité».
Et Dany Turcotte qui affirme pendant une de ses présentations : «Il faut adapter les services sociaux à la réalité des hommes».
Ouf, ça fait du bien d’entendre ça. Ce dont les hommes souffrent le plus dans la société québécoise, c’est de ne pas être entendus (réellement) et de ne pas être écoutés (réellement).
On apprend par exemple dans ce documentaire que les critères utilisés pour diagnostiquer une dépression sont basés sur des comportements féminins, ce qui rend plus difficile le diagnostic chez des hommes.
Je vous donne un autre exemple : vous ne pensez pas qu’on pourrait mieux s’attaquer au problème des féminicides si on soignait la colère de certains hommes avant qu’ils ne passent à l’acte?
Le seul reproche que je peux faire au documentaire, c’est d’avoir accordé autant d’importance à l’auteur et professeur Francis Dupuis-Déri qui déclare, de façon tout à fait caricaturale, que ceux qui veulent aider les hommes en crise blâment toujours les femmes et les féministes. Rien n’est plus faux! Quelle généralisation ridicule!
On peut très bien constater la détresse et la déroute de certains hommes sans pour autant être un masculiniste crinqué ou un incel agressif.
LE VRAI FÉMINISME EST UN HUMANISME
En fait, il y a un deuxième mot que je voudrais dire à Dany Turcotte. C’est le mot : «Enfin!» Ça faisait longtemps qu’au Québec on n’avait pas vu une série comme celle-là.
La dernière fois qu’on a entendu parler du «désarroi» des hommes, c’était grâce à Denise Bombardier et sa série pour Radio-Canada… en 2002.