La Coupe du monde de football (soccer) 2022 se déroulera du 21 novembre au 18 décembre au Qatar. Mais voilà, à l’aube de la tenue de cette grand-messe sportive internationale, de plus en plus de voix s’élèvent et appellent au boycottage de cet évènement.
On reproche notamment au Qatar de ne pas avoir respecté les droits de la personne des travailleuses et travailleurs qui ont participé à la construction des infrastructures à l’intérieur desquelles se dérouleront les matchs de football.
Des atteintes insoutenables à la dignité humaine, aux libertés individuelles, aux minorités et à l’environnement ont été évoquées de façon récurrente.
De nombreuses pétitions appelant au boycott du Mondial 2022 circulent sur la Toile…
Plus de 6000 morts pour un divertissement
Depuis 2010, plusieurs observateurs ont surtout déploré des milliers de morts dans les chantiers de construction de sept immenses stades couverts et climatisés pour divertir les amateurs de football pendant un mois.
Certaines sources, à l’instar du quotidien britannique The Guardian du mardi 23 février 2021, estimaient qu’il y aurait eu au moins 6500 travailleurs migrants décédés, dans l’indifférence, depuis 2010, année où le Qatar a obtenu le droit d’organiser la compétition.
Ils étaient pour la plupart des travailleurs étrangers sans droits ni dignité, réduits à ce qui s’apparente à de l’esclavage moderne.
L’ONG Amnesty International rapportait très récemment dans un documentaire que ces travailleurs étrangers vivaient « sans eau, sans électricité, dans des dortoirs surpeuplés sous 50 degrés. Ils travaillent 12 h par jour, sept jours sur sept. Pour eux, le droit du travail n’est qu’une illusion et le travail forcé, leur quotidien ».
Boycotter ou laisser faire ?
Malgré l’envergure de ce scandale humanitaire, l’ONG Amnesty International n’appelle pas au boycott de cette Coupe du monde de football au Qatar. Surprenant…
Elle a choisi, d’une part, de faire pression sur la Fédération internationale de football association, la FIFA, organisatrice de cette compétition, pour que soit mis en place un programme d’indemnisation des violations des droits des travailleurs étrangers.
Et d’autre part, considérant que le Qatar est l’un des pays les plus riches du monde et qu’il « a non seulement les moyens, mais aussi l’obligation, de faire beaucoup mieux pour protéger les travailleurs migrants », Amnesty International a recommandé aux autorités qatariennes de, notamment :
- « mener une enquête exhaustive sur la mort de tous les travailleurs migrants ;
- améliorer le processus de certification en cas de décès, permettant d’en identifier les causes ;
- verser une indemnité aux familles à chaque fois que les conditions de travail et climatiques ne peuvent pas être exclues en tant que facteur ayant contribué au décès… »
De part et d’autre, les pressions et les recommandations auraient apparemment reçu un accueil favorable, et des réponses tangibles auraient suivi. Mais quand bien même ce serait véridique, cela ramènera-t-il les personnes décédées à la vie ?
Le Canada, qui a obtenu sa qualification pour ce Mondial 2022, 36 ans après sa première Coupe du monde, devrait-il le boycotter ? Poser la question, c’est y répondre…