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CHSLD privés surveillés avec l’argent destiné au réseau public

CHSLD privés surveillés avec l'argent destiné au réseau public


Un CIUSSS de Montréal compte dépenser près de 400 000 $ avec l’argent destiné au réseau public de santé pour des consultants qui supervisent des CHSLD privés et résidences pour aînés.

«C’est incongru», lance d’emblée André-Pierre Contandriopoulos, professeur en administration de la santé à l’École de santé publique de l’Université de Montréal.

Au début du mois, le CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal a accordé quatre contrats de près de 100 000 $ chacun à des consultants externes.  

Citant l’urgence sanitaire, ces mandats temporaires visent à soutenir les résidences privées dans la gestion des éclosions de COVID-19 et assurer une liaison avec le CIUSSS, notamment.

«[…] les répondants jouent un rôle considérable de soutien et d’accompagnement en lien avec notre responsabilité populationnelle», indique par courriel le CIUSSS, qui a refusé notre demande d’entrevue. 

Ils sont responsables «d’offrir le soutien nécessaire à la mise en place des mesures de santé publique et autres pour assurer la sécurité des soins et services aux aînés».

«Mais comment ça se fait qu’une entreprise privée qui fait beaucoup d’argent ne soit pas capable d’offrir des services de qualité [à ses résidents]», s’étonne M. Contandriopoulos. 

«Ça fait partie de leurs responsabilités, dénonce-t-il à propos des CHSLD privés et des RPA. Mais quand il y a un danger, hop, on fait appel au public, ça n’a pas d’allure.»

Déjà subventionnés

Il rappelle du même coup que ces entreprises privées reçoivent déjà des subventions du gouvernement, en plus de facturer des milliers de dollars par mois à leurs résidents.

«C’est un petit prix à payer», estime pour sa part Pascale Mongrain, l’une des quatre consultantes embauchées par le CIUSSS et mairesse de Saint-Lambert. 

C’est la seule qui a répondu à notre demande d’entrevue.

Elle souligne que son emploi de mairesse n’est pas à temps plein et qu’elle facture de 5 à 20 heures par semaine.

Son premier contrat a commencé en mai 2020, dans la foulée de l’hécatombe du CHSLD privé Herron. 47 résidents y sont morts au début de la pandémie et l’inaction du CIUSSS a été largement critiquée.

Mme Mongrain précise que son nouveau contrat est prévu jusqu’en décembre, mais qu’il peut être annulé à tout moment, s’il n’est plus nécessaire. 

Elle dit travailler auprès de grandes entreprises comme COGIR et le Groupe Maurice, notamment.

Éviter un autre Herron

«Je m’assure que le CIUSSS obtient toute l’information dont il a besoin pour faire rapport ensuite au ministère de la Santé sur tout ce qui passe dans ces résidences-là», explique Mme Mongrain, ajoutant que son rôle sert à éviter un autre Herron. 

D’autres CIUSSS de Montréal ont dit ne pas avoir de tels consultants. 

Celui de la Capitale-Nationale a indiqué avoir embauché des ressources externes par le passé, un poste semblable à des inspecteurs.

– Avec Héloïse Archambault

Quatre contrats

  • Pascale Mongrain – 92 070 $
  • Rita Cavaliere – 92 070 $
  • Michel Dalton – 94 185 $
  • Francine Labrecque – 94 185 $

Source : Système électronique d’appel d’offres du gouvernement du Québec

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