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«C’est humiliant»: accusée d’attouchements, une préposée veut laver sa réputation

«C'est humiliant»: accusée d'attouchements, une préposée veut laver sa réputation


Une préposée aux bénéficiaires poursuit pour 90 000 $ le Centre qui l’a suspendue 15 jours sous prétexte qu’elle aurait eu des contacts sexuels avec un patient, ce qu’elle nie fermement.

«Je suis prête à aller jusqu’au bout s’il le faut. Je rage intérieurement chaque fois que j’y pense, j’ai complètement perdu mes repères depuis. C’est vraiment rabaissant ce qu’ils me font subir», tonne Carole Clos. 

La mère de famille de Longueuil dit vivre un cauchemar depuis septembre 2021, après avoir été convoquée à une rencontre disciplinaire par le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Montérégie-Est. 

Un patient de la résidence où elle travaillait se serait vanté d’avoir reçu une fellation de la part d’une préposée, mais sans la nommer. Il aurait aussi affirmé lui avoir fait des attouchements à la poitrine. 

«Je suis tombée des nues quand ils m’ont convoquée. Mais je comprenais que c’était normal qu’ils tentent d’éclaircir l’affaire. Je m’attendais à ce que l’enquête me blanchisse, mais ce n’est pas ça qui est arrivé.»

Estimant que ses explications étaient «peu crédibles» et que la femme a «tenté de cacher certains faits», on lui a infligé une suspension de 15 jours sans solde. 

Notons que la suspension en est une en matière de relation de travail et n’est pas une cause inscrite à la Chambre criminelle.

Aucun témoin, mais…

Or, dans une déclaration faite à une agente d’indemnisation de la CNESST, un gestionnaire au CISSS aurait reconnu qu’ils ont préféré retenir la version du patient plutôt que celle de leur préposée qui cumule 10 ans d’expérience, peut-on lire dans la poursuite déposée en août.

«[Le patient est connu] pour avoir un langage coloré, surtout au niveau sexuel en raison de ses pulsions sexuelles importantes», souligne le document de cour. Il peut même aller chaque semaine dans un sex shop accompagné d’une intervenante.

Pour Carole Clos, il est clair que l’individu a tout inventé. «Je ne suis pas du tout comme ça, je n’ai pas choisi ce métier pour faire des cochonneries avec des patients. C’est humiliant», déplore la femme, qui doit prendre des antidépresseurs depuis.  

«Je suis prête à me montrer publiquement et à perdre mon emploi, car je veux prouver mon innocence dans cette histoire. Je veux montrer à mes enfants que c’est important de se battre pour son intégrité.»

Sexisme

Elle dénonce aussi le «sexisme» de la part du CISSS, alors qu’un gestionnaire aurait affirmé que «cela se passe souvent dans ce milieu et que les [préposées] qui posent ce genre de geste voient cela comme un geste de bonté envers les résidents», peut-on lire dans la poursuite. 

En plus des 90 000 $ réclamés pour les dommages et l’atteinte à sa réputation, Carole Clos exige aussi des excuses de la part du CISSS de la Montérégie-Est. 

L’organisme a préféré ne pas commenter l’affaire, puisqu’un processus judiciaire est en cours.  

Extraits de la poursuite 

«Interrogé par une agente d’indemnisation de la CNESST à l’égard des raisons qui l’ont poussé à croire les dires [du patient], [Frédéric Houde, responsable de la gestion du personnel au CISSS] allègue que “cela peut paraître étonnant, mais cela se passe souvent dans ce milieu et que les [préposées] qui posent ce genre de geste voient cela comme un geste de bonté envers les résidents”.»

«Affirmer arbitrairement et sans fondement que [Carole Clos], une femme, et d’autres femmes commettraient des actes de nature sexuelle sur leurs patients […] est complètement inacceptable et constitue des propos totalement sexistes.»

«[Le CISSS persiste], malgré l’absence totale de preuve crédible et fiable à cet égard, [à] déclarer que [Carole Clos] a commis des actes d’attouchements sexuels. […] Les agissements ont atteint les droits à sa réputation, sa dignité et son honneur.»

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