« Merci de noter que Twitter va faire beaucoup de choses bêtes dans les mois qui viennent. Nous garderons ce qui marche et changerons ce qui ne marche pas », avait-il prévenu la semaine dernière. Elon Musk, qui vient de racheter le réseau social, ne saurait mieux dire pour décrire le lancement chaotique d’un de ses nouveaux produits, le badge « Officiel ».
Ce nouveau dispositif a pour but de signaler l’authenticité et la notoriété d’un compte (son nombre d’abonnés). Il se distingue de la coche bleue, qui remplissait ce rôle jusqu’à présent.
Lancé en avant-première mecredi 9 novembre, pour les comptes des gouvernements et de personnalités médiatiques, il a ensuite été « supprimé » par Elon Musk, puis rétabli par une directrice du réseau social pour un périmètre plus restreint, dans une cacophonie devenue la norme de communication de la plateforme. Il a fallu le commentaire d’un utilisateur, remarquant que l’insigne « Officiel » avait disparu de la plateforme, pour que Musk confirme : « Je viens de le supprimer. »
« Le badge “Officiel” sera bien activé lors du lancement de Twitter Blue », a tweeté la directrice des produits en développement Esther Crawford, quelques minutes après l’annonce de l’abandon par le nouveau patron. Il s’agit in fine de proposer à tous les utilisateurs un abonnement de 8 dollars par mois à une nouvelle version du réseau social, le fameux Twitter Blue, en passant par le badge « Officiel ».
« Nous commençons simplement par les gouvernements et organisations commerciales, a tenté de justifier Mme Crawford. Ce que [Elon Musk] a mentionné, c’est le fait que nous ne donnons pas le badge “Officiel” à des individus pour l’instant. » Des comptes comme celui de la députée américaine Alexandria Ocasio-Cortez, du pape François ou encore du rappeur Kanye West avaient reçu le badge « Officiel » avant qu’il ne disparaisse.
« Quête de la vérité »
Elon Musk a également détaillé son approche mercredi lors d’une conférence en ligne. L’homme le plus riche au monde aimerait avoir « 80 % de l’humanité » sur Twitter, qui interagirait « d’une façon plus positive ». « Nous voulons être dans une quête vigoureuse de la vérité. (…) C’est un concept nébuleux mais nous pouvons y aspirer », a-t-il affirmé.
Le nouvel abonnement inclura la coche bleue, gage d’authenticité, et l’accès à des avantages pratiques. Il doit permettre, selon le dirigeant, de lutter contre les faux profils et les comptes automatisés, car les acteurs malveillants devront dépenser huit dollars à chaque fois, et avoir autant de cartes de crédit que de comptes qu’ils veulent créer.
« Tout ce qui n’est ni vrai, ni intéressant ni divertissant sera stoppé ou en tout cas relégué à l’arrière-plan », a aussi expliqué Elon Musk. « Les messages de comptes vérifiés s’afficheront par défaut », a-t-il détaillé. Et les tweets provenant de personnes n’ayant pas payé pour Twitter Blue seront traités un peu comme des « spams » sur une boîte mail : « On peut toujours aller consulter le dossier des spams. »
La comparaison risque de faire ironiser les nombreux détracteurs du multimilliardaire, qui dit vouloir « donner plus de pouvoir au peuple » et abolir « le système actuel des seigneurs et des paysans, entre ceux qui ont la coche bleue et ceux qui ne l’ont pas ». L’abonnement revu en profondeur n’est pour l’instant disponible que dans l’application mobile, sur les iPhone et aux Etats-Unis.
Les liens d’Elon Musk avec des pays étrangers « méritent d’être examinés », a jugé mercredi le président américain Joe Biden, en réponse à une question sur la possibilité que le rachat de Twitter par le milliardaire représente une menace pour la sécurité nationale américaine.