La mort atroce d’un travailleur survenue il y a plus d’un an sur un chantier de construction d’envergure de Brossard était évitable, selon une coroner qui dénonce des méthodes de travail déficientes.
Le matin du 8 juillet 2021, Mathieu Adam dirigeait le conducteur d’une grue à tour transportant des panneaux de coffrage vers un camion semi-remorque lorsqu’il a été blessé mortellement en plein cœur du mégachantier Solar Uniquartier.
C’est qu’au moment de descendre la charge qui pesait plus de 7200 livres, celle-ci-ci a chuté des élingues avant de percuter le plateau du camion. Des matériaux projetés dans les airs par la force de l’impact ont frappé de plein fouet l’homme de 34 ans qui travaillait pour Coffrages Synergy. Son décès a été constaté sur les lieux.
Quelques minutes avant, il avait lui-même attaché la charge en faisant un élingage « en double panier ».
« Cette méthode est une pratique courante acceptée par l’employeur qui n’a pas identifié le risque de glissement. M. Adam s’exécute selon ses compétences et son expérience limitée », a noté la coroner Me Nathalie Lefebvre, dans son rapport rendu public mardi.
La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) avait aussi qualifié la méthode, dont les risques sont documentés, comme « inappropriée et approximative ».
La manutention déficiente des panneaux de coffrage en pile sur le chantier a également été retenue comme cause de l’accident par la CNESST.
Mal encadré
Comme trop souvent, « la cadence de travail a été priorisée plutôt que la sécurité », déplore Félix Ferland, responsable santé et sécurité pour la CSN-Construction.
« Mathieu Adam était seulement un apprenti, qui a été mal encadré sur le chantier, probablement à cause du manque de main-d’œuvre et des délais serrés à respecter. […] Ça prend trop souvent un décès pour une prise de conscience », laisse-t-il tomber.
Par ailleurs, l’entreprise Coffrages Synergy, de Lavaltrie, a reçu un constat d’infraction pour avoir bafoué un article de la Loi sur la santé et la sécurité du travail, a confirmé au Journal Yvon Grégoire, porte-parole de la CNESST.
Celui-ci n’était pas en mesure d’indiquer le montant de l’amende. Et comme l’entreprise a plaidé non coupable, la cause sera prochainement entendue à la Cour du Québec.
