La vedette américaine du basket féminin Brittney Griner, est reconnue coupable de trafic de cannabis.
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Depuis son arrestation en février dans un aéroport de Moscou, quelques jours avant l’offensive russe en Ukraine, la double championne olympique est plongée dans la crise géopolitique qui oppose la Russie aux États-Unis.
Son procès s’est accéléré ces derniers jours, alors que les deux pays négocient un échange de prisonniers dont la joueuse pourrait faire partie, Washington affirmant avoir récemment fait une offre «conséquente» à Moscou.
Jeudi, un procureur a exigé que Griner soit «reconnue coupable et condamnée à neuf ans et demi de prison dans une colonie (pénitentiaire) à régime classique», selon une journaliste de l’AFP présente au tribunal de Khimki, près de Moscou.
Il s’agit quasiment de la réquisition maximale possible pour ce crime, fixée à 10 ans de prison. Le procureur a aussi demandé de condamner la joueuse à payer une amende d’un million de roubles (environ 21 000$).
«J’ai commis une erreur de bonne foi et j’espère que le jugement ne mettra pas fin à ma vie ici», a plaidé Griner lors de sa dernière prise de parole avant le retrait de la cour avant l’énoncé de la décision, attendu jeudi soir.
Âgée de 31 ans et mesurant 2,06 mètres, Griner est considérée comme l’une des meilleures basketteuses du monde. Depuis le début du procès, elle est apparue concentrée, répondant aux questions de la cour avec calme et précision.
Jeudi, elle a été une nouvelle fois amenée menottée à la salle d’audience, vêtue d’un t-shirt gris, avant d’être placée dans la cage à barreaux réservée aux prévenus. Avant le début de l’audience, elle a brandi devant les journalistes une photo d’elle entourée de ses coéquipières de basket en Russie.
«Professionnelle et dévouée»
La joueuse des Phœnix Mercury était venue en Russie pour jouer pendant l’intersaison américaine, une pratique courante pour les basketteuses de WNBA qui gagnent souvent mieux leur vie à l’étranger qu’aux États-Unis.
Elle avait été arrêtée à l’aéroport avec du liquide de vapoteuse à base de cannabis. Elle a reconnu avoir été en possession de cette substance, affirmant toutefois l’avoir apportée en Russie par erreur.
Elle a surtout réfuté tout trafic, soulignant que cette faible quantité de substance n’était que pour sa consommation personnelle, à des fins analgésiques, car elle souffre de douleurs chroniques comme de nombreux sportifs.
«Je n’ai jamais voulu faire de mal à qui que soit, je n’ai jamais eu l’intention de mettre la population russe en danger, ni de violer la loi ici», a déclaré Griner jeudi.
Jeudi, le procureur a, lui, assuré qu’elle avait sciemment essayé de «cacher» aux douaniers à l’aéroport le liquide à base de cannabis.
Les avocats de la joueuse ont demandé son acquittement.
Trafiquant d’armes russe
Une condamnation de la joueuse ouvrirait légalement la voie à un possible échange de prisonniers.
Vendredi, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken et son homologue russe Sergueï Lavrov ont eu leurs premières discussions depuis le début de l’offensive de Moscou en Ukraine.
M. Blinken a indiqué avoir pressé son homologue d’accepter l’» offre conséquente» de Washington à Moscou pour obtenir la libération de Griner et d’un autre Américain détenu en Russie, Paul Whelan, qui purge une peine de 16 ans de prison pour espionnage.
Selon plusieurs médias américains, il s’agirait d’échanger un célèbre trafiquant d’armes russe détenu aux États-Unis, Viktor Bout, contre Mme Griner et M. Whelan.
M. Bout, arrêté en Thaïlande en 2008 et qui purge une peine de 25 ans de prison aux États-Unis, est surnommé le «marchand de mort». Son parcours hors du commun a été l’une des inspirations du film «Lord of War» dans lequel Nicolas Cage joue un trafiquant d’armes des plus cyniques.
Aucun accord n’a pour l’heure été rapporté et le Kremlin a paru irrité après les déclarations publiques de Washington au sujet des négociations.
Mme Blagovolina, l’avocate de Griner, avait indiqué mardi que la défense de la joueuse n’était pas impliquée dans les négociations, ajoutant que la basketteuse n’espérait qu’une chose: «Pouvoir rentrer à la maison.»