Dans quelques heures sera décerné le 119ème prix Goncourt. La cérémonie, comme le veut la tradition, aura lieu chez Drouant à Paris. Quatre titres sont encore en lice, Le Mage du Kremlin, de Giuliano da Empoli, Vivre vite de Brigitte Giraud, Les Presque sœurs de Cloé Korman et Une Somme humaine de Makenzy Orcel. Les éditeurs ? Gallimard, Flammarion, Le Seuil, Rivages (Actes Sud). Rien de surprenant en apparence.
Pourtant, derrière ces titres et ces noms, se cachent deux grands absents : Hachette, premier éditeur français, sixième éditeur mondial, star internationale susceptible de racheter Simon & Schuster, et Editis, deuxième groupe éditorial français. Tous les deux appartiennent à Vivendi et à son patron Vincent Bolloré. Pour l’instant, car Editis est en passe d’être vendu. Depuis 15 ans aucun des deux mastodontes n’a obtenu le moindre prix Goncourt.
Une aubaine pour l’éditeur
Le Goncourt est pourtant une aubaine pour un éditeur, assuré de vendre en moyenne 310.000 exemplaires, selon les données relevées par GfK. Actes Sud, qui a emporté son premier Goncourt en 2004, s’est hissé au 12ème rang de l’édition française selon le classement de Livres Hebdo avec un chiffre d’affaires de 69 millions d’euros en 2021, loin derrière Hachette (2,598 milliards d’euros), Editis (856 millions d’euros), Média-Participations (684 millions d’euros) ou Madrigall (653 millions d’euros).
Depuis, la maison arlésienne a pris l’habitude du succès avec cinq Goncourt en cinq ans. Madrigall, qui regroupe Gallimard, Flammarion, Mercure de France, POL et les Editions de Minuit, domine largement avec 50% des lauréats depuis 2006. Cette domination dépasse le cadre du Goncourt et s’étend sur l’ensemble des prix littéraires d’automne dont Madrigall capte près de 40% depuis quinze ans.