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au cœur des enjeux climatiques, le Sahel tente d’enrayer les effets du réchauffement

au cœur des enjeux climatiques, le Sahel tente d’enrayer les effets du réchauffement



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Considérée comme l’une des régions du monde les plus menacées par les effets du réchauffement, le Sahel est confronté à une recrudescence d’épisodes climatiques extrêmes. France 24 analyse les nombreux enjeux de cette crise, à l’agenda de la COP27, qui se tient jusqu’au 18 novembre en Égypte.

À Charm el-Cheikh, les dirigeants africains ont de nouveau appelé les pays riches à accélérer leurs investissements pour lutter contre le réchauffement climatique. Alors que le financement annuel de 100 milliards de dollars promis par les pays développés aux plus pauvres tarde à se concrétiser, la dégradation de la situation en Afrique, en particulier au Sahel, suscite de vives inquiétudes.

Ce vaste territoire, qui s’étend sur 5 000 kilomètres d’ouest en est, sous le désert du Sahara, est l’une des zones les plus exposées au réchauffement de la planète. Trois de ses pays – le Mali, Niger et le Tchad – figurent parmi les sept États du monde les plus vulnérables. Une situation qui favorise l’exode et aggrave lourdement l’insécurité régionale.

Agriculture sous tension

Si le Sahel suscite l’intérêt de nombreux climatologues, c’est avant tout en raison de la nature même de son climat. Cette région semi-aride présente des contrastes parmi les plus importants au monde, marquée par l’alternance d’une longue saison chaude et sèche et d’une courte saison de précipitations intenses. À partir de la fin des années 1960, cette zone a connu la plus importante période de sécheresse de son histoire, qui s’est achevée à la fin des années 80.

Mais les précipitations n’ont jamais retrouvé leur niveau d’avant la crise : les pluies sont devenues à la fois plus rares et plus violentes, générant une forte tension sur les ressources hydriques de la région.

Combiné à d’importants problèmes d’érosion côtière et d’appauvrissement des sols dû à la désertification – notamment au Burkina Faso, Mali, Niger et autour du lac Tchad –, cette situation menace l’agriculture, l’élevage et la pêche, secteurs dont dépend 80 % de la population.

« Défis combinés »

Selon un récent rapport du Groupe de la Banque mondiale, plus de 20 millions de personnes ont été affectées par les sécheresses dans la région entre 2016 et 2020. De son côté, l’ONU estime qu’en 2022, 12,7 millions de personnes sont exposées à une grave insécurité alimentaire dans le G5 Sahel (Mali, Niger, Burkina Faso, Mauritanie et Tchad), du fait d’une conjonction de facteurs incluant l’insécurité, le climat ou bien encore l’inflation.

Lors de son discours à Charm el-Cheikh, le président du Niger, Mohamed Bazoum, a appelé à un « un traitement particulier au regard des défis combinés » auxquels la région fait face. « Il s’agit des défis sécuritaire, climatique, migratoire, sanitaire, alimentaire et démographique’’, a-t-il poursuivi, estimant que « la violence qui ravage aujourd’hui le Sahel est grandement liée au désastre climatique ».


« Beaucoup de familles sont contraintes de se mettre à la recherche d’autres terres en raison de la dégradation des sols, ce qui entraîne de nombreux conflits fonciers », explique François Gemenne, codirecteur de l’Observatoire défense et climat du Ministère des armées.

« Des bandes armées, liées au jihadisme, proposent aux populations de protéger leurs terres en échange de recrues. En l’absence d’État fort, elles apparaissent comme des forces de police qui protègent les terres. Tant qu’on ne luttera pas efficacement contre la dégradation des terres dans le Sahel, la région restera en proie à l’insécurité », estime le chercheur.

Course au financement

Alors que l’ONU anticipe un réchauffement climatique de 2,6°C d’ici 2100 par rapport aux niveaux préindustriels, les spécialistes estiment que le Sahel connaîtra une évolution plus rapide : entre 3 et 6 % d’augmentation d’ici la fin du siècle.

Pour contrer les effets du réchauffement climatique, les dirigeants sahéliens comptent sur la Grande muraille verte, un projet de restauration des terres et de reboisement qui traverse le continent sur 7 600 kilomètres, reliant le Sénégal à Djibouti. Cette initiative doit permettre d’absorber 250 millions de tonnes de CO2 par an dès 2030 et d’augmenter la production agricole tout en créant des millions d’emplois.

Mais le projet lancé en 2007 accuse depuis de nombreux retards. Selon l’Agence française de développement, environ 20 millions d’hectares de terres avaient été restaurés en 2021, soit moins d’un quart de l’objectif affiché pour 2030.

Lors de son discours à la COP27, Emmanuel Macron a appelé à « accélérer » le projet en mobilisant 11,8 milliards d’euros.


« À la COP, le gros enjeu, c’est bien sûr l’argent » souligne François Gemenne. « Le problème est que les critères de vulnérabilité, fixés lors de la convention de 1992, sont assez flous et entretiennent une compétition entre États. À titre d’exemple, les pays du Golfe, pourtant très riches, peuvent faire valoir la baisse des revenus pétroliers comme critère de vulnérabilité. Dans ce contexte, chaque pays joue sa partition, tentant de faire reconnaître ses spécificités, pour obtenir un maximum de financement ».

À Charm el-Cheikh, le dirigeant sénégalais, Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine, a insisté sur l’implication du continent, citant en exemple la Grande muraille verte, tout en déplorant le manque de soutien international.

« L’Afrique est lésée en matière de finance climatique », a pour sa part déclaré le président de la Banque africaine de développement. Selon l’OCDE, environ 19 milliards d’euros sont alloués chaque année à l’Afrique pour lutter contre le réchauffement climatique, soit 26 % du financement mondial.



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