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La conférence mondiale de l’ONU sur le climat, dont les négociations patinent notamment sur les questions de financement pour les pays pauvres, sera prolongée jusqu’à samedi, a annoncé vendredi son président égyptien Sameh Choukri.
Impasse dans les pourparlers, blocage sur les financements… La COP27 va jouer les prolongations jusqu’à samedi 19 novembre, pour d’ultimes négociations afin de sortir de l’impasse sur le financement par les pays riches des dégâts climatiques déjà subis par les pays pauvres, et sur la réaffirmation des ambitions climatiques.
« Je suis toujours préoccupé par le nombre de questions non résolues, notamment sur les finances, l’atténuation (réduction des émissions de gaz à effet de serre, ndlr), les pertes et dommages », dégâts déjà causés par le changement climatiques, a lancé vendredi aux délégués réunis en plénière le président égyptien de la conférence sur le climat, Sameh Choukri.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères a donc annoncé la prolongation de la COP, qui devait s’achever vendredi, à samedi. Il a appelé les parties à « passer la vitesse supérieure » et à « travailler ensemble pour résoudre ces questions restantes aussi rapidement que possible ».
Les travaux de la conférence, ouverte le 6 novembre à Charm el-Cheikh (est), butent depuis plusieurs jours sur les mêmes questions, et sous couvert d’anonymat, des délégués ont multiplié les critiques sur la conduite des négociations par la présidence.
Mais sur un des dossiers au moins, celui des « pertes et dommages », une voie de sortie semblait s’esquisser.
« Fonds de réponse aux pertes et dommages »
L’année 2022 a illustré la multiplication de ces catastrophes liées au changement climatique – inondations, sécheresses affectant les récoltes ou méga-feux.
Les pays riches étaient depuis des années très réticents à l’idée d’un financement spécifique, mais tard jeudi, l’Union européenne a fait une ouverture.
L’UE a accepté le principe d’un « fonds de réponse aux pertes et dommages », assorti de conditions, notamment qu’il soit réservé aux « plus vulnérables » et ait une « base de contributeurs élargie ». En d’autres termes des pays émergents disposant de moyens conséquents comme la Chine.
Les Européens, appuyés par d’autres groupes, réclament dans le même temps la réaffirmation d’objectifs forts en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre visant à limiter le réchauffement.
Une option similaire figure dans un projet de résolution circulé jeudi soir tard par les « facilitateurs » de ce dossier.
Option jugée vendredi acceptable « avec quelques changements » par la ministre pakistanaise du Changement climatique, Sherry Rehman, présidente en exercice du puissant groupe de négociations G77+Chine.
Reste à connaître la position des États-Unis, première puissance économique et deuxième pollueur mondial, jusqu’à présent opposés à l’idée d’un fonds spécifique.
Ainsi que celle de la Chine, premier pollueur et deuxième puissance économique.
« C’est l’heure de vérité »
« C’est l’heure de vérité », a dit à l’AFP Rachel Cleetus, économiste en chef de l’ONG américaine Union of Concerned Scientists. « La Chine et les États-Unis peuvent débloquer ce dossier dans les 24 dernières heures ».
« C’est notre offre finale », a insisté vendredi matin le vice-président de la commission européenne Frans Timmermans. « Dans toute négociation, si vous faites des pas en avant et que l’autre partie ne bouge pas, à un moment c’est terminé ».
Toutes ces discussions financières se déroulent dans un contexte de grande méfiance, les pays riches n’ayant jamais tenu un engagement de 2009 de porter à 100 milliards de dollars par an les financements à destination des pays en développement pour l’adaptation au dérèglement climatique et la réduction des émissions.
>> À relire : « À quoi va servir la conférence du climat qui s’ouvre en Égypte ? »
La présidence égyptienne a par ailleurs publié vendredi matin un nouveau projet de texte final.
Sur un autre chapitre délicat, la réduction accrue des émissions responsables du réchauffement, le nouveau texte réaffirme la résolution « à poursuivre les efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5 °C », se référant clairement aux objectifs de l’accord de Paris.
Pierre angulaire de la lutte contre le changement climatique, cet accord de 2015 vise à limiter le réchauffement de la planète « nettement en dessous de 2 °C » par rapport à l’ère pré-industrielle, et si possible à 1,5 °C.
Mais les engagements actuels des différents pays sont loin de permettre de tenir cet objectif. Selon les analyses de l’ONU, ils permettent au mieux de limiter le réchauffement à 2,4 °C d’ici à la fin du siècle.
Côté énergie, le texte réaffirme la nécessité de réduire l’utilisation du charbon sans systèmes de capture de CO2 et s’attaque aux subventions « inefficaces » aux énergies fossiles.
Avec AFP