
La crise que vivent les écologistes a pris la forme d’un déballage public, lundi 26 septembre. Silencieux jusque-là, Julien Bayou, dont l’ex-compagne avait effectué un signalement à la cellule sur les violences sexuelles et sexistes d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), est passé à l’offensive.
Plutôt que d’affronter la presse, il a choisi de mandater une pénaliste très appréciée à gauche. L’avocate Marie Dosé, connue notamment pour sa défense de familles de djihadistes français cherchant à rapatrier les enfants, a livré lundi après-midi la version des faits de son client, qui avait quelques heures plus tôt démissionné de ses fonctions de premier secrétaire et de vice-président du groupe écologiste à l’Assemblée nationale.
A la suite d’une séparation intervenue en novembre 2021 et plusieurs « épisodes de tension, de pression, de chantage, et des moments plus apaisés », a détaillé l’avocate, la victime présumée aurait transmis, le 30 juin 2022, aux amis de Julien Bayou, à Sandrine Rousseau et à la cellule d’EELV un « mail qualifiant son ancien compagnon de manipulateur, et évoquant son intention de “mourir” », avant « d’absorber des médicaments ». L’ex-compagne aurait ensuite adressé un message menaçant de « revenir, et en force », laissant entendre qu’elle cherchait à se venger.
Ses attaques ont ensuite porté sur Sandrine Rousseau, qui a « choisi de rendre [l’affaire] publique dans “C à Vous” ». Le 17 septembre, la députée écoféministe avait dévoilé, sur France 5, la tentative de suicide commise par l’ex-compagne de M. Bayou. « Il y a des comportements de nature à briser la santé morale des femmes », avait-elle lancé. « De quoi parle-t-on ? », lui a répondu, lundi, Marie Dosé, rappelant que Mme Rousseau avait elle-même reconnu qu’il n’existait aucun fait illégal. Pour l’avocate, la députée a instrumentalisé le « juste combat contre les violences sexuelles et sexistes à des fins politiques », à l’approche du congrès des Verts, qui doit se tenir en fin d’année.
Une manœuvre politicienne ?
Le parti entre en zone de turbulences. Il est ainsi prêté à Sandrine Rousseau, principale représentante de l’écologie politique sur les plateaux de télévision, l’ambition d’accroître son poids au sein du mouvement. Dans l’impossibilité de prétendre au poste de premier secrétaire, en raison de son statut de députée, elle soutient l’élue de Lille, Mélissa Camara, qui souhaite orienter le mouvement vers quelque chose de « plus radical, plus intersectionnel », comme elle l’indiquait à Libération dans la semaine du 19 septembre.
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