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« Alain Krivine. Une vie en rouge », sur Public Sénat : portrait d’un révolutionnaire

« Alain Krivine. Une vie en rouge », sur Public Sénat : portrait d’un révolutionnaire


Alain Krivine lors d’une manifestation à Paris (vers 1975).

PUBLIC SÉNAT – SAMEDI 8 OCTOBRE À 21 HEURES -DOCUMENTAIRE

Alain Krivine avait un avantage rare chez les politiques : personne ou presque ne pouvait en dire du mal. Ce consensus autour du révolutionnaire mort le 12 mars est peut-être le principal point faible du documentaire de Jeanne Lefèvre : un récit apologétique du fondateur de la Ligue communiste révolutionnaire, ancien leader de Mai 68 et figure du trotskisme français.

Le titre de ce film de cinquante-deux minutes ne ment pas : l’actrice Romane Bohringer raconte la « vie en rouge » de l’ancien candidat à la présidentielle de 1969, de sa naissance pendant la seconde guerre mondiale à sa mort. Rien n’est oublié. Le récit est chronologique et linéaire, mais exhaustif. Il s’appuie sur de grands témoins, dont Arlette Laguiller, Hubert, le frère jumeau d’Alain Krivine, Michel Field, Edwy Plenel, François Sabado ou encore Jeannette Habel (spécialiste de Cuba). Sans oublier de nombreuses archives dont un entretien avec Alain Krivine.

Comme nombre de leaders de la gauche radicale des années 1960 et 1970, sa vie et surtout son enfance suivent les tourments du XXe siècle. Nés en 1941, à Paris, dans une famille de juifs ukrainiens émigrés après les pogroms antisémites de la fin du XIXe siècle, Alain et son frère Hubert échappent de peu à une arrestation par des nazis qui venaient appréhender leur père. Ce dernier, heureusement, était parti. Un Allemand, se penchant sur le berceau des jumeaux, les avait trouvés « très mignons » et avait passé son chemin.

«  Tout ce qui bouge est rouge »

Si les parents Krivine n’étaient pas militants, c’est sous leur influence qu’Alain prendra sa carte aux Jeunesses communistes, à 17 ans. Il se définit alors comme « stalinien ». Mais les premiers signes de la rupture avec le Parti communiste français arrivent avec son désaccord avec le parti concernant l’indépendance algérienne. Considérant les communistes trop frileux, il milite clandestinement au sein de Jeune Résistance. Profitant de ses doutes, ses frères, déjà convertis à la IVe Internationale, lui passent des livres. Il finira convaincu.

Opposant interne au sein de l’Union des étudiants communistes, il est exclu avec ses camarades au mitan des années 1960. Il fonde alors avec Henri Weber et Daniel Bensaïd, la Jeunesse communiste révolutionnaire (JCR). Le petit groupe trotskiste sera en première ligne lors des événements de Mai 68. Très attentifs aux mouvements de la société dans la France de l’après mai, la JCR auront comme leitmotiv : « Tout ce qui bouge est rouge. » Comprendre : toutes les avant-gardes sont révolutionnaires.

La candidature en 1969 du « bidasse » Krivine (il effectue alors son service militaire) donnera une notoriété jamais vue à La Ligue communiste (nouveau nom de l’organisation, à la suite d’une dissolution en 1968). Cependant ce succès connaîtra un net repli dans les années 1980 avant le rebond fin des années 1990 à la suite du mouvement de grève de 1995, puis au début des années 2000 grâce à la bonne campagne présidentielle d’Olivier Besancenot, en 2002.

L’histoire racontée par Jeanne Lefèvre est passionnante : c’est à la fois une plongée dans la gauche radicale des cinquante dernières années et le portrait d’un homme attachant, fidèle à ses convictions et doté d’un humour certain. Cependant, l’on peut regretter l’absence de point de vue contradictoire, que ce soit de ses adversaires politiques ou même de ses concurrents des nombreuses chapelles trotskistes.

Alain Krivine. Une vie en rouge, de Jeanne Lefèvre (Fr., 2022, 60 min).

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