Au lendemain du passage des journalistes Isabelle Hachey et Marie-Ève Tremblay à Tout le monde en parle, l’humoriste Audrey-Anne Dugas dénonce l’instrumentalisation et la diffamation dont elle est victime. Le Journal s’est entretenu avec elle.
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Le 16 novembre dernier, La Presse + a publié un dossier intitulé L’affaire Julien Lacroix, deux ans plus tard Des cicatrices et des regrets revenant sur la chute de l’humoriste Julien Lacroix visé en juillet 2020 par des allégations d’inconduites et d’agressions sexuelles. Ce dossier faisait état de «regrets» des dénonciations publiques de certaines des 9 femmes. Il présentait aussi des portraits d’autres femmes qui ne sont pas des victimes présumées de Julien Lacroix, dont les humoristes Rosalie Vaillancourt et Audrey-Anne Dugas.
C’est avec cette dernière que s’est entretenu longuement Le Journal lundi. Décrite par plusieurs comme «la femme ayant recruté les présumées victimes de Julien Lacroix» à la suite du reportage de La Presse +, Audrey-Anne Dugas est une humoriste qui a fait partie de la même ligue d’improvisation que Julien Lacroix. Elle a souhaité rétablir les faits quant à sa réelle implication dans l’affaire Julien Lacroix. Par souci de véracité et de justice envers elle-même.
«On a dit que j’avais contacté Le Devoir il y a deux ans, ce qui est faux, explique celle qui a écrit sur les réseaux sociaux : «cette histoire est devenue de la diffamation à mon égard. Point.» Des victimes m’ont contacté en me disant qu’elles souhaitaient être entendues et je les ai invitées à raconter leur histoire aux journalistes.»
«Ce n’est pas un secret que j’en veux aux deux journalistes impliquées, je me sens manipulée, poursuit Audrey-Anne Dugas. Je leur en voulais, mais cela a pris une autre ampleur, car elles ont carrément inventé des faits comme l’histoire du brunch potineux avec Alice Payer. Je ne suis jamais allé bruncher avec Alice. La journaliste a inventé cette histoire, et jamais Alice ne m’a dit qu’elle serait partie avec Julien si elle avait été célibataire.»
Alice Payer est l’une des neuf femmes ayant dénoncé des inconduites sexuelles de la part de Julien Lacroix en 2020. Dans le récent article de La Presse +, elle a affirmé «se sentir hypocrite» et ne pas avoir été marquée au fer rouge par cette histoire de baiser sur les lèvres non-sollicité de la part de l’humoriste rencontré lors d’une fin de soirée d’avril 2019.
«À Tout le monde en parle, Marie-Ève Tremblay a prétendu que j’avais forcé Alice Payer à témoigner contre Julien Lacroix», a écrit Audrey-Anne Dugas sur ses réseaux sociaux dimanche soir.
Elle pointe aujourd’hui le manque de transparence et de nuances dans cette nouvelle enquête sur Julien Lacroix ainsi que l’instrumentalisation dont elle a été victime, sur papier et dimanche soir à l’émission. Elle affirme aussi avoir parlé à plusieurs victimes de Julien Lacroix.
«Aucune de celles à qui j’ai parlé ne regrette d’avoir parlé, assure-t-elle. Comme moi, elles étaient sous le choc de l’article. Je trouve insidieux que les deux journalistes sous-entendent que plusieurs regrettent.»
Aucune poursuite pour le moment
Audrey-Anne Dugas a partagé sur les réseaux sociaux la capture d’écran d’une conversation qu’elle a eue avec Marie-Ève Tremblay et Isabelle Hachey «afin de s’assurer que les faits véridiques se retrouvent dans l’article avant sa parution». Elle ne souhaite toutefois pas commenter, pour l’instant, la poursuite en diffamation qu’elle évoquait dans l’un des messages en cas de dérapage.
Dans un autre échange, Alice Payer lui écrit : «Dans mon entrevue, je n’ai jamais dit DUGAS MADE ME DO IT, parce que ce n’est pas le cas. C’est une suite d’événements et de circonstances qui m’ont poussée à croire que je devais le faire…»
Audrey-Anne Dugas insiste : elle n’a pas agi par vengeance envers Julien Lacroix, même si elle a déjà eu un conflit avec lui. La cause de ce conflit : c’est elle qui avait mis au courant Geneviève Morin, l’ex-conjointe de Julien Lacroix, au courant des nombreuses infidélités de l’humoriste.
«Lorsque je posais la question : Est-ce que j’ai agi par vengeance, c’était une question rhétorique, car tout de suite après je disais : la réponse est non, explique-t-elle. En intro du balado de mon épisode (offert sur le site du 98.5), on prend juste l’extrait de cette question, sans ma réponse. C’est complètement faux, je n’ai jamais recruté des femmes par désir “de faire tomber Julien Lacroix”.»
Elle ajoute avoir entendu, bien avant #metoo, «beaucoup plus que 9 fois où Julien aurait commis des agressions sexuelles».
Des menaces et des mensonges
Andrey-Anne Dugas doit gérer, en ce moment et depuis le début de toute cette affaire, de nombreuses et violentes menaces reçues sur les réseaux sociaux. Elle s’est aussi dit très surprise de l’implication de l’humoriste et de son amoureuse actuelle, Maude Sabbagh, dans le récent article de La Presse +.
Elle trouve aussi mensongers les propos des journalistes prétendant que Julien Lacroix est sans travail. «Cela est connu dans le milieu que Julien travaille pour le costumier de ses parents, il a un bon travail, dit-elle. C’est donc un autre mensonge de le victimiser en disant qu’il ne travaille pas.»
«Au début, j’avais même refusé de participer à l’entrevue de la Presse, confie-t-elle. Elles (les journalistes) ont fortement insisté en me disant qu’elles avaient des informations sur moi. Je me suis senti au pied du mur. Puis, l’angle dont on m’avait parlé n’était plus le même dans l’article publié.»
Elle a écrit à Marie-Ève Tremblay pour lui expliquer se sentir flouée et instrumentalisée, sans réponse.
«Je m’attends à encore recevoir de la haine, dit-elle. Je trouve profondément hypocrite et incohérent qu’Isabelle Hachey, et Marie-Ève Tremblay aient dit hier qu’elles voulaient que la haine cesse, mais qu’elles me décrivent comme une vengeresse qui invente des agressions sexuelles à des amies. C’est un énorme manque d’empathie.»