Au terme de la première semaine de la grand-messe des Nations unies sur le climat, accueillie cette année par l’Egypte, la frustration est palpable chez les militants du climat présents à Charm El-Cheikh comme observateurs à cette COP27. « Les négociations avancent lentement, regrette Myrto Tilianaki, chargée de plaidoyer climat au CCFD-Terre solidaire, en France. En parallèle, des annonces sont faites en marge de la COP, comme celle de [l’émissaire américain sur le climat] John Kerry sur un marché de crédits carbone, sans qu’on ait assez d’éléments pour les évaluer. »
« Il faut attendre la prochaine semaine pour juger des résultats. Mais l’acharnement sur des points techniques dans les discussions relève de pratiques dilatoires », estime Khaireddine Debaya, l’un des initiateurs du mouvement Stop Pollution, en Tunisie, qui considère que les pays du Sud sont en position de faiblesse dans le face-à-face. « C’est bel et bien une COP africaine. Mais il n’y a toujours pas de percées sur les “pertes et dommages” », pointe Tinashe Gumbo, militant zimbabwéen.
Tous trois participaient, samedi 12 novembre, à ce qui tenait lieu de traditionnelle marche de la société civile, marquant la mi-temps des COP. Mais contrairement à l’habitude, le rendez-vous s’est déroulé à huis clos, dans l’enceinte officielle de la conférence, considérée comme un territoire de l’ONU. Et donc, à distance des habitants de Charm El-Cheikh – et des complexes touristiques sur la mer Rouge. Les manifestations de rue sont interdites en Egypte. Les derniers rassemblements notoires, en 2019, avaient été suivis par une vague massive d’arrestations.
La mobilisation de samedi n’a réuni que quelques centaines de militants environnementaux internationaux, loin des vastes mobilisations de Glasgow, l’an dernier. Le coût prohibitif des hôtels et la difficulté à obtenir une accréditation ont été un frein à la venue d’activistes dans la station balnéaire, affirment des participants. « C’est regrettable que l’on ne soit pas dans la rue : la COP ne doit pas être une bulle », avertit Myrto Tilianaki, du CCFD-Terre solidaire.
Dans les allées entourant les pavillons officiels, des slogans généraux ont été lancés : « Que voulons-nous ? La justice climatique ! » D’autres visaient implicitement – un pays ou un dirigeant ne peuvent pas être pris à partie nommément dans l’enceinte de la COP, selon le code de conduite de l’ONU – le pouvoir égyptien : « Libérez-les tous », en référence aux prisonniers politiques. Sanaa Seif, la sœur d’Alaa Abdel Fattah était en tête de cortège. La famille de cette figure de la révolution de 2011 a redoublé de mobilisation, sur fond de COP, pour obtenir sa libération, alors qu’Alaa a durci sa grève de la faim, en cessant de boire.
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