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À deux mois du Mondial-2022, le football français dans la tourmente

À deux mois du Mondial-2022, le football français dans la tourmente



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L’ultime stage des Bleus avant le Mondial-2022 n’a pas démarré sous les meilleurs auspices. Le football français n’a cessé ces dernières semaines de faire les gros titres des journaux en raison de plusieurs scandales. Le sélectionneur Didier Deschamps doit aussi faire face à une vague de blessés.

L’équipe de France de football n’aborde pas le Mondial-2022, qui aura lieu dans deux mois au Qatar, avec la plus grande sérénité. Depuis plusieurs semaines, le football français est en effet dans l’œil du cyclone : alors que le sélectionneur Didier Deschamps est déjà confronté à une pluie d’absences de joueurs, la Fédération française de foot (FFF) doit aussi affronter des affaires extra-sportives.

« Jamais, pas même en 2010, l’équipe de France ne s’était avancée vers une Coupe du monde dans cette atmosphère gâchée et délétère, aussi incertaine des forces qu’elle pourra rassembler, vitrine surchargée d’une maison qui n’est plus tenue, ou plus comme il le faudrait », a ainsi résumé le journaliste de L’Équipe Vincent Duluc dans son édito du mardi 20 septembre, en faisant référence au fiasco du Mondial-2010 en Afrique du Sud. Championne du monde en titre, la sélection tricolore paraît des plus fragiles. Tour d’horizon de ce contexte compliqué.

  • Le président de la Fédération épinglé

Le football français est atteint à son sommet. Le président de la Fédération, Noël Le Graët, est sous le feu des critiques après la parution d’une enquête du magazine So Foot. Cette dernière accable en premier lieu la gestion du président Noël Le Graët, âgé de 80 ans et en poste depuis 2011. Réélu l’an dernier pour un nouveau mandat, le dirigeant breton, qui a surmonté une leucémie lymphoïde, est décrit comme un responsable dépassé par les événements.

Des témoignages sous couvert de l’anonymat le dépeignent comme ayant « perdu le fil », « moins vif qu’avant », « en pleine décrépitude, incapable de bosser ». Le magazine évoque surtout, sur la foi de témoignages anonymes, l’envoi par Le Graët de SMS à caractère sexuel à des employées de la FFF. Selon une source interrogée par So Foot, plusieurs femmes auraient démissionné ces dernières années de l’instance car elles se sentaient « harcelées sexuellement, mais aussi moralement ».

Interrogé par le journal l’Équipe sur des rumeurs de démission, Noël le Graët a botté en touche : « Même pas en rêve ! ». La Fédération a également réagi en annonçant le dépôt d’une plainte « en diffamation contre le magazine So Foot en raison des imputations gravement diffamatoires » de l’article.

Mais ces accusations suffisamment graves ont poussé le ministère des Sports à lancer un audit à l’issue d’une entrevue, vendredi dernier, entre la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castera et Noël Le Graët, en présence de la directrice générale de la FFF, Florence Hardouin, au siège du ministère. « La ministre leur a indiqué qu’elle allait engager une mission de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR) d’audit et de contrôle sur le pilotage de la Fédération et le respect des obligations qui s’y attachent », a indiqué le ministère des Sports dans un communiqué.  

  • La question des droits à l’image

Le début, lundi, du stage des Bleus à Clairefontaine a aussi été perturbé par un bras de fer entre l’attaquant vedette Kylian Mbappé et la Fédération. Mécontent de la gestion du droit à l’image collectif des joueurs de l’équipe de France, le joueur du PSG a relancé le débat en annonçant, dans un communiqué, qu’il ne prendrait pas part à une opération marketing prévue mardi à Clairefontaine. L’enfant de Bondy souhaite pouvoir garder le choix des marques auxquelles son image est associée. En outre, étant une des joueurs phares de l’équipe de France, il est toujours très sollicité par les partenaires lors des opérations publicitaires.

Le président de la FFF Noël Le Graët, qui avait prévenu ces derniers mois qu’il ne comptait pas renégocier avant le Mondial la charte régissant ces droits, s’est déplacé à Clairefontaine pour s’entretenir avec les joueurs après leur premier entraînement. Dans la soirée, la Fédération a finalement plié en annonçant qu’elle s’engageait « à réviser, dans les plus brefs délais, la convention inhérente aux droits à l’image qui la lie à ses joueurs en sélection ». « La FFF se réjouit de travailler aux contours d’un nouvel accord qui lui permettra d’assurer ses intérêts tout en prenant en considération les préoccupations et convictions légitimes exprimées unanimement par ses joueurs », ajoute-t-elle dans un communiqué.

Pour So Foot, Kylian Mbappé apparaît donc comme « un triomphateur » et surtout comme « un joueur total ayant vocation à contrôler tous les aspects de sa carrière, partout, y compris à Clairefontaine ». Le magazine souligne aussi que le joueur a certainement profité « de la faiblesse de l’institution de tutelle, désormais placée sous le regard du ministère des Sports et du public, pour imposer ses exigences ».

La crise familiale chez les Pogba a aussi mis en exergue les relations malsaines entre un certain milieu et le football français. Mathias Pogba, le frère aîné de Paul, a été mis en examen samedi pour extorsion en bande organisée et participation à une association de malfaiteurs criminelle. Les quatre autres suspects, des proches des frères Pogba âgés de 27 à 36 ans, ont été mis en examen notamment pour extorsion avec arme, séquestration en bande organisée et association de malfaiteurs criminelle. 

L’international français avait porté plainte en juillet à Turin contre son frère et des amis d’enfance, qu’il accuse d’avoir voulu lui extorquer d’importantes sommes d’argent et de l’avoir menacé avec une arme. « Leur implication présumée dans ce dossier sordide cristallise la difficulté pour de nombreux joueurs, à tenir à distance certains membres de leur entourage au comportement parasitaire surtout quand coule la fortune des beaux contrats », résume le journal l’Équipe. 

Dans ce dossier, apparaît aussi le nom de Kylian Mbappé. Selon Paul Pogba, ses maîtres chanteurs voulaient le discréditer en diffusant des messages dans lesquels il aurait sollicité un marabout pour « jeter un sort » à l’attaquant du PSG, ce qu’il conteste.

  • Des Bleus devant la justice

L’image des Bleus a aussi été profondément écornée par d’autres affaires. Autre pilier de l’équipe de Didier Deschamps, Karim Benzema fait figure de grand favori pour l’attribution du Ballon d’Or le 17 octobre. Mais l’avant-centre du Real Madrid a longtemps été mis à l’écart de l’équipe de France en raison de son implication dans l’affaire de la « sextape » de Mathieu Valbuena, avant de revenir lors de l’Euro-2021. Condamné par le tribunal correctionnel pour complicité de tentative de chantage, Benzema a renoncé à faire appel, entérinant sa condamnation à un an de prison avec sursis.

Sacré champion du monde avec l’équipe de France en 2018, le défenseur Benjamin Mendy est pour sa part jugé en Angleterre après de multiples accusations de viol. Le procès, ouvert début août, est en cours.

Sur le terrain, l’heure est aussi à l’orage. Convalescent après son opération du genou droit début septembre, Paul Pogba fait partie de la longue liste des blessés de l’Équipe de France. À quelques semaines du début du Mondial, Didier Deschamps doit composer avec une cascade de forfaits. « La poisse à DD », ironise ainsi le journal l’Equipe, un clin d’œil à son habituel chance.

Le capitaine Hugo Lloris (lésion à la cuisse droite), l’arrière gauche Theo Hernandez (déchirure à la cuisse droite) et le défenseur Lucas Digne (oedème à la cheville droite), sont venus s’ajouter à une liste déjà longue – comptant notamment Presnel Kimpembe, Lucas Hernandez, N’Golo Kanté, Kingsley Coman, Karim Benzema et Adrien Rabiot. 

Avec cette douzaine de blessés pour cet ultime rassemblement des Bleus avant le Mondial-2022, l’équipe de France compte cinq novices : Randal Kolo Muani, Youssouf Fofana, Alban Lafont, Benoît Badiashile et Adrien Truffert.

  • Un sélectionneur sous pression

Le déplacement de la Coupe du monde en automne (20 novembre-18 décembre) a une conséquence sur le calendrier : l’habituel stage de préparation d’avant-tournoi passe à la trappe et les matches de septembre contre l’Autriche jeudi et au Danemark dimanche font office de galop d’essai final pour la bande de Didier Deschamps.

La France s’est complètement loupée en juin (deux défaites, deux matches nuls) lors de la Ligue des nations. Déjà hors course pour la victoire dans cette compétition dont ils étaient tenants du titre, les Bleus espèrent éviter la relégation en deuxième division de cette épreuve lancée en 2018 pour remplacer les traditionnels matches amicaux des rassemblements internationaux. Pour cela, il doivent éviter de nouveaux faux pas contre l’Autriche, au Stade de France, et à Copenhague face au Danemark. D’autant que finir lanterne rouge du groupe priverait la France du statut de tête de série pour les qualifications à l’Euro-2024. 

Avec AFP

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