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LausanneUne mère reconnue coupable d’avoir mis en danger la vie de sa fille
Une trentenaire, qui faisait subir divers sévices à sa fille de 19 ans, a dû répondre de tentative de meurtre, lundi devant le tribunal. Elle a écopé d’une peine ferme, déjà purgée.
Entre gifles, insultes, coups de poing et de ceinture, Nia* a obligé sa fille à se mettre à genoux ou debout pendant un certain temps quand cette dernière refusait de lui obéir. «C’était pour la cadrer. Elle avait un caractère difficile», s’est défendue, lundi, devant le Tribunal lausannois, celle qui est accusée de tentative de meurtre sur sa fille, Inaya*.
Arrivée en Suisse en 2007, Nia, camerounaise, a obtenu que son aînée de 19 ans la rejoigne en mars 2020 dans son appartement de la région lausannoise. Mais mère et fille ne s’entendent pas, et les disputes sont de plus en plus fréquentes. Blessée par le manque de reconnaissance, la trentenaire réprouve le comportement de sa progéniture par des violences physiques, rapporte l’acte d’accusation.
Elle sort le couteau
Un jour d’octobre 2021, Nia dirige un couteau de 20 cm vers sa fille, «pour l’effrayer et pour qu’elle se calme». Elle vise le ventre. Mais Inaya se défend, attrape le poignet de sa mère et se blesse à la main avec la lame. Un second couteau de 30 cm viendra encore lui frapper la tête. Elle s’en sortira avec aussi des griffures au niveau du cou, note l’acte d’accusation. Pourtant convoquée lundi, Inaya ne s’est pas présentée à l’audience. Depuis un an, sa mère n’a aucune nouvelle d’elle.
Après huit mois et demi passés en prison, la prévenue, suivie par un psychologue, reconnaît ne pas avoir utilisé la bonne manière, et regrette ses actes. Son avocat, Pascal Martin, a plaidé l’acquittement des principaux chefs d’accusation. «Dans la culture de ma cliente, les mises à genoux et à terre, c’est une manière de cadrer un enfant, sans recourir à la violence. Comme en Suisse, où à l’époque, on mettait les enfants au coin», a-t-il déclaré, en revenant sur les sévices infligés.
Considérant que la culpabilité de l’accusée était lourde, le Ministère public a, lui, requis 5 ans de prison, ainsi que 12 ans d’expulsion du territoire suisse. Le verdict s’est avéré plus clément.
Sa «bonne intégration» la sauve
Le tribunal a reconnu Nia coupable de mise en danger de la vie d’autrui et de lésions corporelles simples pour avoir «gesticulé avec le couteau et blessé sa fille». «On admet que vous avez été dépassée», a lancé à l’accusée le président Pierre Bruttin, rappelant que les faits sont survenus dans un «contexte de grave mésentente familiale». Retenant également la contrainte et la tentative de contrainte, la justice l’a condamnée à une peine de 30 mois de prison, dont 260 jours fermes. Le reste de la peine est assorti du sursis pendant 4 ans.
Les juges ont aussi renoncé à l’expulsion du territoire, tenant compte de la «bonne intégration de la prévenue», détentrice d’un permis B, et de sa situation professionnelle. La trentenaire est aujourd’hui employée comme aide-soignante dans un hôpital. Son avocat n’envisage pas de faire appel, mais la procureure Audrey Rentsch attend le jugement motivé pour se prononcer.