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Craintes au Parisien après la non-parution d’une interview de Martinez

Nicolas Charbonneau a décidé de retirer un entretien avec le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez.



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Le traitement du conflit social divise les journalistes du Parisien. L’objet de la discorde? Une interview du secrétaire général de la CGT Philippe Martinez, déprogrammée par le directeur de la rédaction Nicolas Charbonneau, relatait Le Monde ce jeudi 20 octobre. Réalisée samedi 15 octobre par un journaliste de la rédaction du Parisien, elle avait pourtant été validée par la rédaction en chef. LVMH, le propriétaire du titre (et actionnaire minoritaire de Challenges), a nommé Nicolas Charbonneau début septembre pour succéder à Jean-Michel Salvator, qui était resté deux ans à la tête du quotidien. 

Dans un communiqué partagé en interne jeudi et consulté par Challenges, la Société des journalistes (SDJ) et les trois organisations syndicales présentes au sein du journal (SNJ-CGT, SNJ et SGJ-F) ont exprimé leur mécontentement: “Ce choix éditorial, a priori perçu comme de la censure, a provoqué un vif émoi au sein de la rédaction et en particulier au service économie qui s’interroge sur sa liberté dans le traitement de ce conflit social”.  Nicolas Charbonneau leur aurait expliqué craindre un traitement “déséquilibré” du conflit social en cours dans les raffineries TotalEnergies bloquées par les grèves pendant plusieurs jours, avec “d’un côté un portrait pas forcément à la gloire de Patrick Pouyanné, le PDG de TotalEnergies, et, en vis-à-vis, une interview qui aurait pu être perçue comme une libre-antenne donnée à Philippe Martinez”, relate le communiqué. 

L’explication inquiète les journalistes de la rédaction qui y voient un “dangereux précédent”. Ils font d’ailleurs remarquer que la décision intervient quelques jours après la Une “Qui sont les extrémistes de la grève?” assortie d’un éditorial dans lequel Nicolas Charbonneau s’en serait pris aux grévistes. “Ce traitement avait déjà provoqué des remous en interne”, pointe le communiqué.

Au-delà de cette interview, l’ambiance n’est pas au beau fixe dans la rédaction du Parisien. Lors d’une assemblée générale qui s’est tenue le 11 octobre avec plus de 150 personnes, les participants auraient évoqué une “perte de sens” de leur travail et demandé des embauches notamment de secrétaires de rédaction, poursuit Le Monde. Des demandes qui auraient été rejetées par la direction. 

65 millions d’euros injectés par LVMH

Cet été, le géant du luxe LVMH, piloté par le milliardaire Bernard Arnault, a injecté 65 millions d’euros dans le groupe de presse Le Parisien, qu’il contrôle, afin d’éponger ses pertes. D’après l’annonce légale publiée le 18 août, l’associé unique du Parisien-Aujourd’hui en France, soit Ufipar, holding contrôlée par LVMH, « a décidé d’augmenter le capital social » du groupe de presse de près de 65 millions d’euros pour ensuite « le réduire, pour cause de pertes », du même montant. Le géant du luxe avait déjà renfloué fin 2018 son groupe de médias Les Echos-Le Parisien à hauteur de 83 millions d’euros.

En 2021, Le Parisien a “atteint un point d’inflexion” avec douze mois consécutifs de diffusion à la hausse, assurait le groupe, espérant le voir se “rapprocher de l’équilibre” et conquérir 200.000 abonnés numériques à horizon 2025, un objectif établi dans le cadre d’un nouveau projet éditorial, déployé courant 2020. Celui-ci s’est assorti de la suppression des éditions départementales et d’un plan de départs volontaires qui a concerné au total cinquante employés.

Pour réduire son exposition à la crise de la presse papier, le groupe Les Echos-Le Parisien a par ailleurs cédé les sociétés de distribution en portage Proximy et Média Presse en octobre 2021 au poids lourd de l’impression Riccobono. Autant de transformations qui ont pesé sur les comptes du Parisien et qui peuvent expliquer la recapitalisation décidée par LVMH, selon des experts du secteur.

 

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