Le psychiatre et explorateur suisse Bertrand Piccard va partir autour du monde en dirigeable solaire « pour promouvoir toutes les solutions qui existent maintenant pour protéger l’environnement ». Il s’agit de « faire passer un message optimiste parce que nous sommes abreuvés de mauvaises nouvelles ».
Dans La Matinale de lundi, Bertrand Piccard a expliqué son nouveau projet de tour du monde en dirigeable solaire, avec diverses escales. « Je pense qu’il faut montrer tout ce qu’on peut réussir avec les techniques qui existent aujourd’hui pour protéger l’environnement. Beaucoup de gens croient qu’il n’y a plus rien à faire, mais ce zeppelin solaire est une excellente plateforme pour montrer qu’il y a des solutions. Les gens peuvent aussi être des pionniers à leur niveau. C’est dans cet esprit-là que je me suis engagé dans cette nouvelle aventure ».
« Il faut parler des problèmes, mais l’erreur aujourd’hui est de ne pas parler des solutions. Il faut montrer que nous pouvons y arriver, sinon les gens baissent les bras », a encore relevé Bertrand Piccard.
Il faut montrer que nous pouvons y arriver sinon les gens baissent les bras
La décroissance, un problème de riches
Interrogé sur la décroissance comme solution, Bertrand Piccard estime que « c’est un problème de riches dans les pays riches, Dans les autres pays, il y aura forcément une croissance et il faut que cette croissance soit la plus respectueuse possible des ressources naturelles, la plus efficiente possible. Il y a bien sûr des choses à décroître, mais pas l’économie. Il faut décroître la pollution, l’inefficience, le gaspillage. »
« La majorité des entreprises ont besoin de se développer, la majorité des gouvernements ont besoin de créer des emplois. Il faut montrer un visage attrayant et économiquement viable de l’écologie, sinon économie et écologie vont continuer à s’opposer. Il faut réconcilier les deux camps ou nous n’allons jamais avancer, » a précisé l’explorateur.
« C’est effarant, les gens ont plus peur de l’hiver prochain que des changements climatiques qui peuvent détruire l’humanité », a aussi dénoncé l’explorateur et psychiatre. « C’est le résultat d’années d’inconséquences: cela fait 20 ou 30 ans que nous savons que nous devons passer aux énergies renouvelables mais ce n’était pas rentable à l’époque, c’était trop cher. Nous payons aujourd’hui le prix d’années d’immobilisme ».
C’est effarant, les gens ont plus peur de l’hiver prochain que des changements climatiques qui peuvent détruire l’humanité
La starification nécessaire
Utiliser sa notoriété pour faire avancer la cause environnementale est nécessaire pour Bertrand Piccard: « Nous sommes peu à porter ces messages-là, il faudrait starifier beaucoup plus. Il faudrait que le monde du showbiz, le monde du sport parlent davantage d’environnement. Les messages sont écoutés quand c’est quelqu’un de connu qui les fait ».
Pour mettre de l’action dans l’immobilisme actuel, il faut vraiment attirer l’attention. « C’est ce que j’ai choisi de faire en demandant aux gouvernements, aux entreprises de changer les lois » qui empêchent d’utiliser les solutions technologiques qui existent. « Quand le climat change, les lois doivent changer », a-t-il plaidé.
« Il y a vraiment des possibilités d’agir dans la bonne direction, il faut que tout le monde à son niveau fasse passer le message, chacun avec ses propres moyens. Ce dirigeable sera une des manières de le faire, mais il y en a plein d’autres. Le pire, c’est de ne rien faire et critiquer », a conclu Bertrand Piccard.
Propos recueillis par Frédéric Mamaïs
Adaptation web: France-Anne Landry