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Corps calciné en Beauce: remis en liberté deux mois avant le meurtre

Corps calciné en Beauce: l’identité de la victime a été dévoilée


La mère de Karine Bélanger, dont le corps a été retrouvé dans un véhicule incendié en Beauce le 25 septembre, ne s’explique pas pourquoi le meurtrier allégué avait été libéré de prison quelques semaines avant le drame, lui qui a un lourd passé de violence. 

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« Ils savaient que c’était un cas très dangereux. Ils l’ont laissé aller de même. Ils l’ont mis en transition. Il y a eu un manque à quelque part. C’est ma fille qui y a passé », déplore en larmes Linda Arseneault, la mère de la victime, qui dit l’avoir incitée à la prudence.

« Je suis allée voir Karine et je lui ai dit : “Il a l’air d’un psychopathe, ton chum. Fais attention. Il ne m’inspire pas confiance” ».


Keven Deblois a été arrêté jeudi pour le féminicide de son amie de cœur, Karine Bélanger.

Photo tirée de la page Facebook de Keven Deblois

Keven Deblois a été arrêté jeudi pour le féminicide de son amie de cœur, Karine Bélanger.

Keven Deblois, 24 ans, a été arrêté jeudi pour le féminicide de son amie de cœur Karine Bélanger, 36 ans, qu’il fréquentait depuis peu.

Le corps de la mère de trois enfants a été retrouvé dans une camionnette incendiée, abandonnée dans un champ de maïs dans un rang à Saint-Bernard. 

Le suspect devra comparaître vendredi pour meurtre au deuxième degré, vol de véhicule, outrage à un cadavre et recel.

Il était déjà détenu au Centre de détention de Québec pour non-respect de conditions.

Selon nos informations, lors du meurtre allégué, c’était la deuxième fois en moins d’un an que Deblois se retrouvait en liberté illégale.  

  • Écoutez Maxime Deland au micro de Yasmine Abdelfadel à : 

Imprévisible

La feuille de route de l’homme originaire de Sainte-Marie-de-Beauce est bien garnie.

Il était tellement imprévisible que le juge Hubert Couture lui a carrément dit en juillet 2020 : « Je n’ai pas confiance en vous », lorsqu’il a demandé à être libéré en attendant son procès pour tentative de meurtre sur un homme.

Cette accusation a par la suite été réduite en un chef d’accusation de voie de fait grave, pour lequel il a été condamné à une peine de 42 mois, en février 2021. 


Karine Bélanger

Photo tirée de la page Facebook de Keven Deblois

Karine Bélanger

Le juge Carl Thibault, qui a reçu son plaidoyer de culpabilité, l’a d’ailleurs bien averti : « Heureusement pour la victime, les blessures n’ont pas été fatales. Parce que vous ne seriez pas aujourd’hui devant moi pour voie de fait grave, mais pour un homicide, un dossier de meurtre. […] Espérons que […] vous allez vous reprendre en main ».

Le jeune homme a aussi été reconnu coupable par le passé de crimes contre la propriété, d’entrave au travail des policiers, de trafic de stupéfiants, de possession non autorisée d’armes à feu et de bris d’ordonnances notamment en lien avec les armes à feu.

Il est père d’un enfant conçu lors d’une précédente union très tumultueuse.

Liberté illégale 

Deblois a obtenu une première libération conditionnelle à la fin septembre 2021, au tiers de sa peine, et a entamé une thérapie. 

À ce moment, la Commission québécoise des libérations conditionnelles (CQLC) mentionnait que son niveau de risque de récidive était élevé.

« Vous semblez reconnaître votre problématique de consommation, mais peu celle d’impulsivité-violence », écrivait la CQLC, qui soulignait sa « grande agressivité latente ».

En avril 2022, il ne s’est pas présenté pendant quatre jours à la maison de transition où il devait séjourner. Il est alors retourné en détention de mai à juillet.


Le corps de Karine Bélanger avait été retrouvé dans ce véhicule incendié.

Photo d’archives, Agence QMI

Le corps de Karine Bélanger avait été retrouvé dans ce véhicule incendié.

Risque de récidive

En juillet, la CQLC lui a accordé une seconde libération conditionnelle, mais considérait toujours que ses risques de récidive étaient élevés.

Parmi les nouvelles conditions qui lui ont été imposées, il devait rapporter à son intervenant correctionnel toute relation intime.

Au début septembre, il déclarait son amour pour Karine Bélanger sur Facebook, à peine trois semaines avant le meurtre.

Il résidait alors en maison de transition, mais selon nos informations, il a aussi omis de s’y présenter le jour du meurtre allégué.

« Nous sommes très ébranlés à la suite de ce drame. C’est le cauchemar de tout intervenant de voir pareille situation se produire », a commenté la directrice de l’établissement. 

En cavale après avoir poignardé un homme

Keven Deblois, arrêté jeudi pour le meurtre de Karine Bélanger, a violemment poignardé un homme en 2018 avant de partir en cavale vers l’Alberta.  

« On vous dit impulsif et vous présentez des difficultés à bien gérer vos émotions. Vos frustrations se sont exprimées par une violence d’une gravité considérable », souligne un rapport de la Commission québécoise des libérations conditionnelles. 

En novembre 2018, alors qu’il était âgé de 21 ans, Deblois a poignardé un homme à la poitrine.

La victime s’était rendue au milieu de la nuit chez la mère de Deblois, où ce dernier résidait avec son ex-conjointe et leur bébé, afin d’y obtenir des services sexuels contre rétribution. Deblois a fréquemment forcé son ancienne conjointe à se prostituer. 

Pendant les ébats, Deblois s’est emparé d’un couteau et a poignardé l’homme trois fois en lui criant qu’il allait le tuer.

L’homme ensanglanté a réussi à se sauver et s’est effondré dans un restaurant McDonald’s à proximité, où les services ambulanciers ont été appelés.

Graves blessures

« J’ai eu le poumon perforé et l’enveloppe du cœur touchée. Je suis passé proche. J’ai su il y a deux mois que [Deblois] me cherchait pour se venger », a affirmé la victime.

Son cœur ne fonctionne maintenant qu’à 84 % de ses pleines capacités. 

Deblois et sa conjointe ont compris que ce n’était qu’une question de temps avant qu’ils ne soient recherchés par les autorités.

Ils sont donc partis en cavale vers l’Alberta. Avant de partir, Deblois avait confié son fils à sa mère sans explication et volé deux armes de poing à son oncle. 

Ils ont été arrêtés quelques jours plus tard à Kapuskasing, en Ontario, où ils ont été accusés de plusieurs méfaits.

Problèmes de drogue

Au moment de son arrestation en 2018, Deblois n’avait pas d’emploi et consommait quotidiennement des méthamphétamines et du GHB, ses problèmes de drogue remontant à l’adolescence.

En juillet 2020, une psychiatre au Centre de détention de Québec était en processus pour établir un diagnostic de trouble bipolaire, et il était médicamenté.

Un lourd passé

Mars 2018

Keven Deblois est condamné à une peine de 6 mois pour trafic de cannabis, de méthamphétamines et d’ecstasy, et d’un bris de probation. On lui interdit de posséder des armes. 

Novembre 2018

il poignarde un homme à Sainte-Marie-de-Beauce avant de prendre la fuite vers l’Alberta avec sa conjointe de l’époque. Il est arrêté quelques jours plus tard dans le nord de l’Ontario après avoir commis divers méfaits. 

Décembre 2018

Il est formellement accusé de tentative de meurtre. Il demeure détenu en Ontario. 

Janvier 2020

 Il est transféré au Centre de détention de Québec, il est en détention provisoire concernant la tentative de meurtre et les crimes commis en Ontario. 

Juin 2020

 Il plaide coupable pour certains des crimes commis en Ontario, il est condamné à 18 mois et 22 jours, soit une journée de plus que ce qu’il a déjà purgé en détention provisoire. Il demeure détenu pour la tentative de meurtre. 

3 février 2021

Il plaide coupable à un chef de voie de fait grave. Il est condamné à 42 mois de prison, mais à cause de sa détention provisoire, il n’en fera que 714 jours de plus. La sentence est assortie de diverses conditions, dont une période de probation de 3 ans, un suivi de 18 mois lorsqu’il sortira de prison et fournir un échantillon d’ADN. 

28 septembre 2021

Première libération conditionnelle de Deblois, il entreprend une thérapie et séjourne ensuite en maison de transition. 

12 mai 2022

Réincarcération de Deblois pour avoir été en liberté illégale.

12 juillet 2022

Il retrouve à nouveau sa liberté conditionnelle et est envoyé en maison de transition. 

4 septembre 2022

Karine Bélanger indique sur Facebook être en couple avec Deblois.

25 septembre 2022

Meurtre de Karine Bélanger, une camionnette à Sainte-Marie-de-Beauce est volée pour y mettre son corps, avant d’être incendiée dans un rang à Saint-Bernard.

Extraits des rapports de la Commission québécoise des libérations conditionnelles 

« Vous dites avoir pris connaissance ces derniers temps que vous êtes violent. […] Vous voulez travailler la dimension de l’impulsivité […] »

« Vous représentez un risque élevé et vous faites l’objet de recommandations favorables de la part des intervenants. La Commission considère que le risque, avec un tel encadrement, n’est pas inacceptable pour la société. » 

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