2023 signera-t-elle la fin du libéralisme numérique sur les réseaux sociaux aux États-Unis ? Plusieurs membres du Congrès américain plaident pour une réglementation plus stricte des plateformes en ligne. Républicains et démocrates espèrent pouvoir voter une ou plusieurs lois visant à limiter le pouvoir des géants du Net. Le représentant du Wisconsin Mike Gallagher (républicain) a longuement exprimé ses craintes ce dimanche 1er janvier sur le plateau Meet The Press de NBC.
TikTok, la bête noire du Congrès ?
Mike Gallagher n’est pas tendre avec les réseaux sociaux, particulièrement avec le petit dernier, TikTok. Le réseau social chinois fait l’objet d’un projet de loi visant à interdire son utilisation sur le sol américain. Principal soutien du texte, Gallagher a réitéré ses propos et qualifié TikTok de « fentanyl numérique » (analgésique puissant).
Selon lui, l’interdiction de l’application au niveau national est une question de temps. « C’est hautement addictif et destructeur. Nous voyons des données troublantes sur l’impact corrosif de l’utilisation constante des médias sociaux, en particulier sur les jeunes hommes et femmes ici en Amérique« , a-t-il expliqué, évoquant TikTok et plus globalement les réseaux sociaux aux États-Unis. Mike Gallagher accuse également l’application d’être opérée par le Parti communiste chinois, via sa maison mère ByteDance.
Des négociations qui s’enlisent
Des accusations rabâchées depuis plusieurs mois outre-Atlantique par une partie de la représentation nationale, la proximité trop importante entre ByteDance et les autorités de Pékin étant régulièrement fustigée. Un accord est en négociation entre TikTok et le Comité pour l’investissement étranger aux États-Unis depuis 2020 pour apporter des garanties suffisantes en matière de sécurité nationale. L’absence présumée de progrès dans les discussions commence aujourd’hui à agacer une partie des législateurs.
De son côté, TikTok n’a pas manqué de répondre aux dernières accusations de Gallagher ce dimanche. « Le Parti communiste chinois n’a aucun contrôle direct ou indirect sur ByteDance ou TikTok« , indique le réseau social dans un communiqué à CNN. Et d’ajouter : « ByteDance est une entreprise mondiale privée, dont près de 60 % sont détenus par des investisseurs institutionnels mondiaux, le reste étant détenu principalement par les fondateurs de l’entreprise et ses employés — dont des milliers d’Américains.«
La pression du « lobby technologique«
La lanceuse d’alerte Frances Haugen, ex-employée de Facebook, a également appelé durant Meet The Press les chambres parlementaires à voter de nouvelles lois pour réguler l’ensemble des réseaux sociaux. TikTok, Twitter ou encore YouTube devraient être tenus à plus de transparence concernant le fonctionnement de leurs algorithmes, argue l’ex-Metamate. Et de filer la métaphore : « C’est comme si nous étions en 1965 et que nous n’avions pas encore de lois sur les ceintures de sécurité.«
Interrogée sur le sujet, la sénatrice du Minnesota Amy Klobuchar met en garde contre la pression exercée par le « lobby technologique » lorsque de nouvelles lois sont sur le point d’être votées au Parlement. Le « fort soutien bipartisan » entre républicains et démocrates peut subitement s’effondrer « en 24 heures. » « Nous sommes à la traîne. Il est temps pour 2023 que ce soit notre résolution, que nous adoptions enfin une de ces lois« , a-t-elle lancé sur NBC, évoquant la régulation des réseaux sociaux.