Dans la région de Lanaudière, le cœur du village Lafontaine continue de battre malgré sa disparition au 19e siècle au profit de Chertsey, la municipalité où l’on retrouve ses vestiges dans une forêt, près d’une rivière.
• À lire aussi: Découvrez l’histoire de huit villages fantômes du Québec
Lafontaine, qui a eu une courte vie au 19e siècle, devait devenir la localité centrale du canton, mais une chicane de clochers, littéralement, en a eu raison. Son déclin et, par la suite, sa disparition ont suivi la démolition de son église et son remplacement par un nouveau lieu de culte au centre de Chertsey, à quelques kilomètres de distance.
«On a souvent parlé de cet ancien village situé dans le 5e rang du canton. Les anciens, et même les moins vieux, en parlent avec réserve et, souvent, avec un peu de mystère. C’est à se demander si le passé n’est pas en train de s’entourer de légendes», souligne l’historien Marcel Fournier dans sa monographie intitulée Histoire de Chertsey, des origines à l’an 2000.
À l’époque, le secteur était composé de deux séries de lotissements, soit celui de Lafontaine, le plus ancien, situé près de la rivière Lafontaine (appelée aujourd’hui la rivière Jean-Venne), et un autre un peu plus à l’ouest, où se trouve actuellement le village de Chertsey.
Du côté de Lafontaine, les lots 18, 19 et 20 du 5e Rang avaient constitué au départ l’endroit idéal pour la construction d’un village en raison de la qualité du site pour l’établissement d’une scierie. Des espaces sont réservés dans ce secteur pour l’église, l’école, le moulin et le marché.
Toutefois, la concession de lots et le projet d’établissement du village sur la rivière provoquent une querelle avec les habitants établis dans le 3e Rang, soit ceux du côté de Chertsey.
«Depuis 1863, les habitants du 3e Rang font des pressions auprès des autorités ecclésiastiques pour que l’église soit établie à l’endroit de la première chapelle primitive de 1850 [dans leur secteur, NDLR], peut-on lire à ce sujet dans le livre de Marcel Fournier.
«La notoriété des habitants du 5e Rang et leur richesse, bien que relative, ont permis l’établissement du village sur la rivière Lafontaine. En 1866, lorsqu’on décide de transporter l’église pour l’installer sur le lot 8 du 3e Rang, l’événement sonne le glas du village Lafontaine.»
Lafontaine aujourd’hui
Il ne reste que bien peu de vestiges de cet ancien village. Tout au plus quelques amoncellements de pierres, des semblants de route et plusieurs outils déterrés par un historien amateur, Guillaume Petit, un aubergiste à la retraite de 67 ans qui a vécu cinq ans sur le chemin Irène, tout près de la rivière où un moulin à farine avait été érigé.
Ce que M. Petit a réussi à mettre au jour, c’est une somme importante d’informations sur le plan archéologique.
«Autour de l’église et du presbytère, situés sur le chemin Irène, il y avait quelques commerces: le magasin général, la forge, quelques moulins et l’école», a-t-il indiqué au Journal.
Il croit même avoir localisé ce qu’il croit être un ancien site amérindien avant d’abandonner ses recherches à cet endroit pour préserver son intégrité.