Le ministre de l’Intérieur a été visé par le député insoumis Thomas Portes, qui l’a accusé de « donner des gages à destination de l’extrême droite ». Il lui a vertement répondu, mettant en cause la motion de censure de la Nupes, votée avec les députés RN.
La tension est encore montée d’un cran dans l’hémicycle ce mardi après-midi. Le député LFI Thomas Portes et Gérald Darmanin ont croisé le fer au sujet de l’extrême droite, s’accusant mutuellement de proximité avec le Rassemblement national. Cet échange arrive au lendemain de très vives tensions entre la Nupes et le gouvernement après le vote de la motion de censure de la gauche avec les voix du RN.
« Vous n’avez cessé de donner des gages à destination de l’extrême droite, un jeu dangereux (…). Quand on souffle sur des braises ardentes, les conséquences peuvent devenir dramatiques », a lancé l’élu de la Seine-Saint-Denis au ministre de l’Intérieur, pendant les questions au gouvernement.
« Quand on dénonce l’extrême droite, on n’accepte pas ses votes »
Avant d’accuser Emmanuel Macron « de s’être vautré devant la dirigeante fasciste en Italie, Georgia Meloni », y voyant « une tâche pour la République », sous les applaudissements des députés insoumis qui se sont levés pour saluer leur collègue.
Le président s’est rendu dimanche à Rome pour rencontrer la nouvelle Première ministre italienne. Ce déplacement a été vu comme un mauvais signal pour certains élus de gauche qui déplorent l’absence de « réserve » ou de « nuance » du chef de l’État.
La réponse de Gérald Darmanin ne s’est pas faite attendre.
« Je propose, pour être très cohérent, que, quand on dénonce l’extrême droite, on n’accepte pas ses vote. Je propose que Monsieur Mélenchon ne dise pas urbi et orbi qu’il était heureux qu’à quelques voix près de l’extrême droite, vous fassiez tomber le gouvernement », l’a vertement tancé le locataire de la Place Beauvau.
« Personne n’oublie que Macron a été élu avec les voix du RN »
Le ministre fait référence au changement de cap de Marine Le Pen. Elle a surpris ce lundi en annonçant que son groupe voterait en faveur de la motion de censure déposée par la Nupes, en plus de la sienne.
De quoi permettre à ce texte de récolter 239 voix – certes loin des 289 voix nécessaires pour renverser Élisabeth Borne mais offrant un demi-succès aux oppositions. Quelques minutes plus tard, le patron de La France insoumise s’est dit sur son compte Twitter « prêt pour la relève ».
« Personne n’a oublié que Macron a été élu avec les voix du RN et par défaut », lui a répondu Thomas Portes, faisant référence aux conditions de réélection du président en mai dernier, face à Marine Le Pen.
« Tout le monde voit que nous ne cherchez que le chaos »
Conclusion de Gérald Darmanin, sous les applaudissements de la majorité présidentielle:
« Je vous propose pour manger avec le diable de prendre une grande cuillère. La vérité, c’est que tout le monde voit que vous ne cherchez que le chaos », a finalement asséné le ministre de l’Intérieur.
Une partie de la Nupes a été gênée par le soutien du RN à leur motion de censure ce lundi. La cheffe de file des députés écologistes, Cyrielle Chatelain, qui a défendu devant l’Assemblée nationale la motion de la Nupes, a regretté la stratégie de Marine Le Pen, « alimentée malheureusement par ceux qui nous renvoient sans cesse dos-à -dos ».