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Une trafiquante d’ossements piégée par les Américains

Une trafiquante d’ossements piégée par les Américains


Les autorités américaines ont réalisé une saisie unique en son genre en piégeant une trafiquante d’ossements d’animaux exotiques de Joliette qui a récemment été condamnée à 40 000 $ pour avoir vendu des crânes d’ours polaires à un agent d’infiltration.

« Je n’ai jamais expédié quoi que ce soit aux États-Unis avec une mauvaise intention, je soutiens à 100 % la protection des animaux et je n’ai jamais chassé moi-même », s’excuse Vanessa Rondeau dans une lettre au juge américain Lawrence J. Vilardo. 

La femme de 27 ans a pourtant été la cible d’une opération d’infiltration d’envergure aux États-Unis, afin de la prendre en flagrant délit d’exportation illégale.


Un des fameux crânes d’ours polaires vendus à un agent d’infiltration via la page Facebook de son commerce.

Photo tirée de documents judiciaires du UNITED STATES DISTRICT COURT FOR THE WESTERN DISTRICT OF NEW YORK

Un des fameux crânes d’ours polaires vendus à un agent d’infiltration via la page Facebook de son commerce.

Un homme lui a acheté à deux reprises, en 2020 et 2021, des crânes d’ours polaires en la contactant sur Facebook. Le client était en fait un agent d’infiltration du Service américain des pêches et de la faune.

« Ce cas était unique puisqu’il impliquait des crânes d’ours polaires, ce qu’on ne voit pas souvent entrer aux États-Unis », commente le procureur américain au dossier Aaron J. Mango en entretien téléphonique avec Le Journal

Rondeau, propriétaire de la boutique d’antiquités et de taxidermie The Old Cavern, à Montréal, a plaidé coupable en janvier dernier d’avoir trafiqué des espèces sauvages protégées aux États-Unis.

Elle a ensuite été condamnée en juin à un an de probation et à une amende de 40 000 $ américains, en plus de 1364 $ US en restitutions. 

Elle avait également passé deux jours derrière les barreaux dans une prison du Vermont lors de son arrestation en mai 2021.

Plusieurs Accusations

Rondeau avait alors été accusée en mai 2021 de trafic d’espèces sauvages protégées, d’étiquetage erroné d’espèces sauvages et de contrebande de marchandises aux États-Unis.

« On n’est pas assez éduqué au Canada quant aux lois en lien avec la protection de la faune et l’import-export », se défend l’artiste en entrevue avec Le Journal

Pourtant, selon le procureur américain, Rondeau avait reconnu à l’agent d’infiltration qu’elle savait « que l’importation/le transport des crânes d’ours polaires serait en violation de la loi américaine », peut-on lire dans les documents judiciaires.

L’ours polaire figure en effet sur la liste américaine des espèces en danger.

Envoyer un message

Plusieurs autres espèces en danger, dont des tigres, des hippopotames, des grizzlys et des alligators, avaient aussi été vendues aux États-Unis par la trafiquante, malgré les restrictions.

« Avec quelques jours de prison et une amende substantielle, cela envoie le message [aux Canadiens] que vous ne pouvez pas vous engager dans ce type de conduite », lance le procureur américain Aaron J. Mango. 

Importation

Lorsque Vanessa Rondeau a été arrêtée alors qu’elle tentait de revenir chez elle, sa voiture contenait bon nombre d’articles interdits, dont des pieds de crocodiles, un paresseux empaillé et des mâchoires de requins, d’une valeur totale de 37 204 $ US.

Rondeau aurait déjà par le passé fait entrer au Canada des pièces de taxidermie, des agents l’ayant déjà filmée en train de récupérer des paquets suspectés de contenir des animaux sauvages. 

Elle avait alors retiré les articles de leur boîte en carton d’origine pour les enfouir dans des sacs d’emplettes, avant de revenir au pays.


De nombreux crânes avaient notamment été interceptés, dont ceux de morses, de tigres et d’ours polaires.

Photo tirée de documents judiciaires du UNITED STATES DISTRICT COURT FOR THE WESTERN DISTRICT OF NEW YORK

De nombreux crânes avaient notamment été interceptés, dont ceux de morses, de tigres et d’ours polaires.

En entrevue avec Le Journal, la mère de deux enfants affirme plutôt obtenir ses pièces à travers des ventes de succession, des zoos canadiens, des communautés inuites et des importations d’Afrique du Sud.

« Des braconniers, des contrebandiers d’animaux sauvages et des marchands d’animaux sauvages tels que l’accusée opèrent dans le monde entier. Leurs actes criminels nuisent aux communautés, dégradent nos institutions légitimes et déstabilisent notre environnement », soutient Me Mango dans son mémoire présentenciel.

Par ailleurs, le commerce mondial illégal d’espèces sauvages était estimé entre environ 7 et 23 milliards $ US en 2020, des sommes comparables au commerce international de stupéfiants et d’armes.

-Avec la collaboration de Nicolas Brasseur, Bureau d’enquête

SAISIS PAR LES AUTORITÉS


Une photo d’une partie du butin saisi par les forces de l’ordre américaines.

Photo tirée de documents judiciaires du UNITED STATES DISTRICT COURT FOR THE WESTERN DISTRICT OF NEW YORK

Une photo d’une partie du butin saisi par les forces de l’ordre américaines.

  • 19 crânes de crocodiles
  • 7 pieds de crocodiles
  • 8 dents d’alligators
  • 30 mâchoires de requins
  • 23 pieds de ratons laveurs
  • 8 cornes d’antilopes africaines
  • 4 calottes crâniennes d’antilopes africaines
  • 2 requins préservés dans des bocaux
  • 30 étoiles de mer
  • 12 hippocampes
  • 4 poissons-globes
  • 1 crâne humain surplombé de papillons
  • 1 paresseux à deux doigts empaillé

Deux modes opératoires

En voiture

En janvier 2020, Vanessa Rondeau a traversé en voiture la douane de Champlain, dans l’État de New York, avec un crâne d’ours polaire destiné à l’agent d’infiltration américain. 

Elle s’est ensuite rendue dans un entrepôt d’expédition près de la frontière offrant des services logistiques à ses clients, dont des boîtes postales et de l’entreposage. Elle y a alors posté le paquet par UPS.

Prix de la vente : 780 $ US

Par la poste

En février 2021, Vanessa Rondeau a vendu un deuxième crâne à l’agent d’infiltration. Elle l’a envoyé directement par Postes Canada aux États-Unis, indiquant que le paquet contenait « 1 cadre » et qu’il s’agissait d’un cadeau. Le montant déclaré était de 100 $ US.

« Les passeurs pensent que les forces de l’ordre examinent davantage les colis de nature commerciale que les colis envoyés pour des raisons personnelles », soutient dans sa plainte l’agent Ryan Bessey, qui a participé à l’opération. 

Selon des données des douanes américaines, Rondeau a envoyé 30 colis par Postes Canada aux États-Unis entre le 27 novembre 2018 et le 16 septembre 2019.

Elle déclarait alors qu’il y avait à l’intérieur, plutôt qu’un animal sauvage, un cadre, un grand jouet, une statue ou un tapis, par exemple.

Prix de la vente : 584,11 $ US

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