Annulé en mars 2020 pour cause de pandémie due au coronavirus, le Mondial de l’automobile fait son retour à Paris, en petite forme. Les constructeurs français ont répondu présent, ainsi que plusieurs marques chinoises et le vietnamien VinFast, qui se lancent à la conquête du marché européen. En revanche, les marques allemandes, japonaises ou sud-coréennes font l’impasse. Ce qui ne décourage pas Luca de Meo, le directeur général de Renault : « Je vais au Salon de l’auto parce que j’aime ça, parce que j’aime présenter le meilleur de ce que l’on fabrique », explique-t-il, convaincu que les salons continueront « à déplacer les foules ».
La marque au losange y présentera le concept-car de sa future 4L, un SUV électrique très compact, la dernière version de son projet de nouvelle R5 (électrique aussi), qui sera commercialisée en 2024, le Kangoo E-Tech pour les familles et, bien sûr, son best-seller du moment, la Mégane E-Tech. Le groupe a d’ores et déjà annoncé que la 4L serait fabriquée à Maubeuge et la R5, à Douai, dans le Nord, deux usines de son pôle ElectriCity.
Du côté de Stellantis, le directeur général, Carlos Tavares, est moins allant. Il ne se déplace pas avec toutes ses marques : seules Peugeot, Jeep et DS seront au salon. Chrysler, Opel, Fiat ou Citroën sont absentes, cette dernière ayant devancé l’appel en présentant, fin septembre, son concept-car Oli, assez proche visuellement de celui que présentera Dacia au Mondial.
Pourquoi si peu de mobilisation ? Les marques préfèrent désormais défendre leurs couleurs en ligne ou lors d’événements privés, comme Mercedes, qui s’installe au Musée Rodin, à Paris. Surtout, obsédées par leur rentabilité, elles calculent au plus juste le retour sur investissement de chaque dépense. Plusieurs millions d’euros à seule fin d’être au salon, pour beaucoup, c’était trop. A l’heure de l’inflation, tout le secteur est obsédé par le contrôle des coûts.
« Coup de grâce »
« C’est la principale préoccupation : ces hausses de prix qui deviennent structurelles », constate Alexandre Marian, associé d’AlixPartners. Selon l’indicateur de ce cabinet de conseil, le prix des matières premières nécessaires pour fabriquer une voiture thermique a baissé depuis son plus haut de mars 2022, mais, à 1 850 dollars (1 900 euros), il reste 350 dollars au-dessus de celui de 2019.
En revanche, pour une voiture électrique, qui pèse une fois et demie plus lourd, et utilise des intrants, dont les prix ne retombent pas – les fameuses terres rares (lithium, cobalt) ou le nickel –, « le coût des matières premières est encore supérieur de 2 000 euros à ce qu’il était avant le Covid-19, soit plus de 5 000 euros par véhicule », note AlixPartners. C’est 3 100 euros de plus que pour une voiture thermique. Et les prix risquent d’être encore tirés à la hausse par les besoins futurs : aujourd’hui, l’électrique représente 10 % du marché ; en 2035, cela doit être 100 %.
Il vous reste 57.95% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.